Plus de 1 milliard de déficit annoncé par Pôle emploi. Ne cherchons pas trop loin , les coupables sont là, tout de suite montrés du doigt : ce sont les vilains petits canards de toujours, les INTERMITTENTS du spectacle, nous en avons l’habitude.

Du reste, le problème ne réside pas tant dans cette accusation simpliste, que dans l’absence de remise en cause des pratiques même de l’as­surance-chômage qui fonctionne aujourd’hui de façon pour le moins inéquitable, sans que soit envisagé un minimum de mutualisation.

De quoi parlons-nous quand nous évoquons les « intermittents du spec­tacle » : de théâtre, de cinéma, de la télévision, de l’opéra ? Ne s’agit-il pas d’un ensemble de métiers, qui for­ment la communauté du spectacle ? Mais cette communauté est composée de 280 000 permanents et 105 000 intermittents, lesquels, les uns sans les autres ne peuvent exister ni socia­lement ni économiquement.

Alors pourquoi effectuer une compta­bilité pseudo-analytique des dépen­ses particulières des « intermittents » en omettant les recettes de l’ensem­ble du spectacle?

Existe-t-il une volonté délibérée des responsables du Pôle emploi de stig­matiser nos métiers?

Le calcul est pourtant très simple. Selon la Cour des comptes, il y aurait 280 000 permanents du spectacle, les recettes engendrées se monteraient donc à environ 800 millions d’euros. Dans une logique de mutualisation, elles viendraient en déduction du dé­ficit et on passerait ainsi du chiffre annoncé de 1,054 milliard à 254 millions imputables aux intermittents (à quoi s’ajouteraient bien sûr les indemnités de chômage versées aux perma­nents victimes aussi de la crise).

Ce qui à mon sens, modifie considé­rablement les données…

Il reste encore à pousser ce raison­nement jusqu’au bout et à prendre en compte les cotisations du travail effec­tuées en dehors du spectacle propre­ment dit par ces même intermittents. (Formations artistiques et techniques, petits boulots de complément…) et de les comptabiliser aussi dans les recettes pour réduire voire annuler le déficit de cette branche d’activité. Ce qui importe en effet, c’est réellement ce que coûte ou rapporte l’individu et non ce qui se place derrière un ou des codes numériques.

Cela suppose une autre approche analytique manifestement sans inté­rêt pour Pôle emploi.

La technocratie administrative aurait-elle raison de la raison elle même? Quitte à faire de la comptabilité ana­lytique allons jusqu’au bout avec ob­jectivité.

Assisterions-nous à une dérive sec­taire de Pôle emploi qui nous éloigne­rait de l’esprit fondamental de l’assu­rance chômage?