Le 22 mars dernier, les partenaires sociaux et le gouvernement sauvaient le régime des intermittents que le MEDEF souhaitait voir disparaître dans le régime général.

Certains y voient une manoeuvre combinée entre le gouvernement et le MEDEF. Le premier jouant le défenseur du régime des intermittents, tandis que le second voudrait sa peau. Ainsi arriverait on à grappiller quelques avantages en donnant l’impression d’avoir défendu l’essentiel.

Le fait est que ces derniers accords donnent un peu trop l’impression que le gouvernement laisse entendre aux professionnels du spectacle concernés qu’ils sont passés à côté de la catastrophe et qu’ils doivent s’estimer heureux.

Je crois qu’il y a un malentendu terrible. Partons du principe que le gouvernement soit de bonne foi. Il se trouve pris en sandwich à l’heure où le premier ministre cherche 50 milliards, entre le MEDEF, soutenu par Bruxelles, qui fronce les sourcils et les intermittents qui ont toujours été défendus par la gauche.

Dans un système clientéliste comme le nôtre, cela n’est pas sans poser de problème. Ils ont cru trouver un bon compromis social mais surtout politique, ménageant tout le monde, moralité les intermittents sont vent debout et Bruxelles continue de grommeler.

Le malentendu vient peut-être du fait que cette réforme montre un manque de conviction. Pas plus Filippetti que Rebsamen ne croit en un projet culturel d’exception française.

Ils tentent de sauver les meubles, de replâtrer quelques fissures qui se dessinent ici ou là, mais personne ne prend à bras le corps la question récurrente des métiers du spectacle dans son ensemble. Ainsi, voit-on des professionnels du spectacle en empêcher d’autres de travailler, parce que tout simplement, les uns cotisent au régime des intermittents tandis que les autres qui sont permanents, sont au régime général, d’où une apparente et fragile solidarité de façade.

On peut s’interroger sur le fossé entretenu entre deux catégories de professionnels sur la seule différenciation opérée entre les régimes auxquels ils cotisent.

Et si on faisait le pari de la disparition du déficit en faisant cotiser à une même caisse spéciale les intermittents actuellement déficitaires et les permanents largement excédentaires, une caisse des professionnels du spectacle tous confondus ?

Nos ministres auront-ils le cran de proposer une vraie réforme structurelle, mettant à l’abri définitivement les métiers du spectacle ?

Chiche M. Rebsamen, chiche Mme Filippetti ?