Danseuse, pédagogue et chorégraphe américaine, Elsa Wolliaston est une pionnière de la danse contemporaine d’inspiration africaine en Europe. Elle a fondé à Paris avec Hideyuki Yano la compagnie Ma Danse Rituel Théâtre en 1975, puis en 1985, la Cie One Step dans le studio éponyme où elle enseigne actuellement. Rencontre avec une grande dame de la danse universelle…

Depuis toujours, Elsa Wolliaston ne vit et ne respire que pour la danse, sa danse… Plusieurs fois par semaine le même rituel se répète. Elle réunit sous la verrière du One Step Studio, un vaste local de 300 m2 situé dans un passage pittoresque de l’Est parisien, une petite foule, fidèle et enthousiaste d’apprentis danseurs, autour des ateliers qu’elle a créés, il y a maintenant trente ans. Ils sont philosophes, photographes, architectes, prêtres, sociologues ou enseignants. Ils n’ont pour la plupart jamais pratiqué la danse d’expression africaine. Mais ils ont tous en commun, la volonté de vouloir réveiller par le rythme, la force vitale enfouie au plus profond d’eux-mêmes. « Mon lieu d’enseignement est une sorte de laboratoire artistique où je questionne les rites africains et l’énergie de différentes croyances ancestrales. Je suis persuadée qu’au-delà de chaque culture, il y a chez tous les êtres humains une sorte de fil conducteur qui nous lie inconsciemment. C’est cette force que j’essaye de réveiller chez mes élèves »  explique-t-elle. Née en 1945 en Jamaïque, d’un père originaire du Kenya et d’une mère métisse panaméenne, Elsa Wolliaston est élevée par sa grand-mère en Afrique de l’est. À l’adolescence, elle rejoint sa mère à New York où elle étudie la danse classique et la technique contemporaine.

 Rites ancestraux

N36p5bisElsa poursuit sa formation à partir de 1969 avec Jérôme Andrews et Lilian Arlen à Paris. A l’American Center, elle va faire des rencontres qui seront déterminantes, à commencer par l’avant-garde de la musique jazz, Steve Lacy et Philly Jo Jones. « L’explosion de ma vie artistique s’est produite non pas en Afrique, mais en France et plus largement en Europe. Paradoxalement, c’est ici que j’ai découvert les noirs américains alors que j’ai vécu ma jeunesse aux Etats-Unis » explique-t-elle. Entre 1970 et 1974, Elsa mène des recherches sur les rites ancestraux au Congo et en Côte d’Ivoire. Elle enseigne et danse notamment avec les Ballets du Dahomey, ainsi que dans différents pays d’Afrique noire, Cameroun, Burkina, Togo, Gabon, avant de s’initier en Asie aux traditions balinaises. En 1975, Elsa Wolliaston et le danseur et chorégraphe japonais Hideyuki Yano fondent le groupe de recherche Ma Danse Rituel Théâtre à Paris. Pendant quinze ans, les deux artistes mènent un travail pédagogique de fond et réalisent de nombreuses créations chorégraphiques communes. « Quand je dis que la danse est une expression sacrée, ce n’est pas religieux. Elle est sacrée parce qu’elle ne nous appartient pas. J’enseigne des choses simples et accessibles à tous. Je ne juge pas mes élèves quand ils arrivent, mais je veux en retour que chaque personne se trouve par le tempo. C’est en fait la base de notre travail » .

 Opéra, théâtre et cinéma

Depuis 1984, la danseuse a débuté une collaboration fructueuse qui se poursuit N36p5terencore aujourd’hui avec le percussionniste et compositeur Bruno Besnaïnou et le batteur Jean-Yves Colson. Au cours de sa riche carrière, Elsa Wolliaston n’a pas hésité à se frotter aux autres formes d’expressions artistiques, telles que l’opéra, le théâtre et le cinéma. Pieds nus, assise sur sa chaise au beau milieu de ses élèves, les bras et le buste projetés en avant afin de marquer le rythme, Elsa ne défend pas un style ou un pays. Elle entretient seulement dans la globalité de cette merveilleuse énergie qui l’anime et qu’elle fait circuler dans la salle, un rapport dynamique et éminemment puissant avec la tradition. « J’effectue un travail en profondeur mais tout en douceur »  aime-t-elle à préciser. C’est peut-être cela, la magie Wolliaston…

 

Pour en savoir plus :

http://www.elsawolliaston.org