Il en est ainsi de certaines réformes dont tout le monde assure qu’elles sont nécessaires, mais que les gouvernements qui se succèdent se repassent sournoisement comme le mistigri. Ce fameux valet de pique dont le jeu consiste à le refiler au voisin avant que tout ne s’arrête. Ceci s’applique aussi à la réforme du spectacle, dont tous les ministres et leurs conseillers ont affirmé, depuis au moins François Mitterrand, qu’elle était obsolète et qu’il fallait s’y attaquer sérieusement… En attendant bien sagement la fin de leur mandat pour suggérer à leur successeur de faire ce qu’eux-mêmes n’avait pas fait, faute de temps ou de moyens.

Un certain nombre de professionnels et de politiques pensent comme nous que les crises et tensions qui traversent régulièrement le monde du spectacle et de l’audiovisuel viennent pour beaucoup d’un fonctionnement archaïque, dû notamment à la législation et à l’organisation singulière de l’administration générale de cet univers si attachant par ailleurs.

Tout cela produit un regard encombré de préjugés porté sur les professionnels du spectacle, considérés davantage comme des « intermittents du chômage » que comme des artistes ou techniciens.

C’est pourquoi nous proposons dans ce numéro d’été de Profession Spectacle un dossier sur l’urgence de remettre en cause l’ordonnance de 1945 et toutes les modalités sociales et économiques qui environnent cette loi.

Deux députés, Etienne Pinte que nous avons rencontré et Christian Kert, suivent avec intérêt la situation des intermittents du spectacle depuis suffisamment de temps pour vouloir enfin en terminer avec ces dispositions dont certaines se situent à l’opposé du simple bon sens.

Ils peuvent compter sur nous et sur la mobilisation des professionnels pour que cesse la course au mistigri.