« Les plumés de l’austérité se rebiffent »… C’est le slogan choisi par des maires de Seine-Saint-Denis pour protester contre la baisse des dotations budgétaires de l’Etat. Les communes raclent les fonds de tiroirs et la culture est touchée, bien sûr. Le Forum du Blanc-Mesnil a, par exemple, vu partir en fumée sa subvention annuelle de 1,8 million d’euros. Du côté du ministère de la Culture, ce n’est pas beaucoup mieux… Des professionnels du spectacle vivant ont lancé un Appel du 10 décembre contre « la baisse constante de toutes les aides ». Bref, tout le monde veut des sous, personne ne veut être « plumé ». Cependant, y a quelques semaines, Canal + recevait Michaël Moreau et Raphaël Porier, auteurs de Main basse sur la culture , et leur posait la question « L’argent a-t-il tué la culture ? » Il faudrait savoir ! Est-ce le pognon qui tue la culture ou sa raréfaction ? C’est le paradoxe de notre époque : le pognon de la culture vient à manquer au moment où triomphe la culture du pognon. Il y a, d’un côté, cet Etat aux poches trouées qui soutient de moins en moins la création ; et de l’autre Google aux mains pleines qui promet de « changer la manière de consommer la culture ». L’Etat a-t-il les moyens de concurrencer la culture de masse consumériste promise par Google ? Non, le maigre pognon de la culture ne parviendra pas à vaincre la tentaculaire culture du pognon. La question culturelle ne doit donc surtout pas se réduire à celle des moyens de la culture. Que notre société trouve son projet collectif et elle trouvera son projet culturel, même avec les « moyens du bord ». Que notre société continue à verser dans le nihilisme individualiste et son projet collectif sera inéluctablement celui de Google, qui écrasera tout et ne fera pas de quartiers.