Le code du travail et les 35 heures sont sur la sellette. Non pas qu’un projet de loi soit dans les tuyaux, mais l’affaire est dans l’air du temps. Nathalie Kosciusko-Morizet résume ainsi les nouveaux enjeux : « Plutôt que d’avoir une grille de lecture ancienne, (…) il faut traiter le sujet d’aujourd’hui : la fin du salariat ». Abrupte, la formule traduit une tendance lourde. Aux Etats-Unis, les bataillons de freelances grossissent de jour en jour, jusqu’à représenter aujourd’hui un tiers des actifs. A cela s’ajoute le phénomène d’ubérisation, qui crée de nouveaux indépendants qui menacent les indépendants traditionnels, comme les chauffeurs de taxi par exemple. Serons-nous demain tous intermittents et précaires ?

Dans ce contexte, les partisans de toutes les libéralisations mondialisées ne manquent pas de souligner le caractère « obsolète » de notre modèle social. A-t-il déjà un pied dans la tombe ? Qui sait… Ce que l’on nomme « modèle social » recouvre cependant une réalité plus profonde qu’un simple cadre juridique, il désigne aussi le modèle de société lui-même. Face au rouleau-compresseur « globish », quelle société voulons-nous opposer ? La question est large : elle touche les conditions sociales concrètes bien sûr, mais aussi, substantiellement, la nature et la qualité des liens sociaux. Ceux-ci sont aujourd’hui gravement altérés par le processus d’individualisation qui caractérise le grand bazar planétaire d’une postmodernité à la fois triomphante et en panne de sens. Ah le sens…

L’un des seuls défis que la civilisation technique semble en peine de relever… Saisissons-le, les machines et les algorithmes ne le feront pas !