Le contrôle de l’équilibre

Le système musculo-squelettique s’organise autour de la posture qui est définie comme la position du corps à un instant donné. Sur la base d’une représentation interne du corps appelée schéma corporel, une position de référence est définie à partir de laquelle interviendront des actions de correction chaque fois que l’individu s’en écartera (voir schéma). Cette régulation de l’équilibre dépend de 3 systèmes principaux: vestibulaire, visuel et proprioceptif. Certaines personnes utilisent préférentiellement un système. Malgré cette préférence, la qualité de l’équilibre est influencée par la capacité à s’organiser et à rétablir son équilibre par l’utilisation cohérente et solidaire de l’ensemble des systèmes.

L’équilibre chez les artistes

Les artistes sont singulièrement confrontés à la régulation de l’équilibre car les conditions externes sont très variées (éclairage, son, sol) et que, lors d’un spectacle, les réactions « parachutes » de rééquilibration sont inesthétiques. Les danseurs et comédiens utilisent préférentiellement la vision pour réguler l’équilibre, alors que les musiciens utilisent davantage le système vestibulaire et l’audition. Cette dominance a le désavantage de rendre moins adaptable l’artiste lors de conditions perturbées où il devra avoir recours aux autres systèmes moins entrainés et donc moins performants. Ainsi, l’équilibre est plus instable et génère des compensations à l’origine de troubles musculo-squelettiques.

Tendinopathie et instabilité posturale

La tendinite ou tendinopathie, est une inflammation d’un tendon ou des structures avoisinantes résultant d’une contrainte anormale. L’origine est le plus souvent liée à une mauvaise posture et des déséquilibres musculaires, dans un contexte où le tendon est fragilisé par une surcharge de travail, une mauvaise hydratation ou encore la prise de certains médi caments. Lorsque l’artiste présente une perturbation de l’équilibre, des compensations apparaissent afin de garantir la qualité du mouvement et éviter la chute. De ce fait, certains muscles peu utilisés sont alors fortement sollicités augmentant les contraintes tendineuses jusqu’à la tendinopathie. Les symptômes sont l’apparition d’une douleur sur le tendon, de gonflements, de crépitations et de chaleur. C’est principalement la douleur qui permet d’identifier la gravité de l’atteinte. En effet, lorsque la pathologie est débutante, la douleur n’apparait qu’après l’effort. En revanche, lorsque la douleur se produit à l’effort et qu’elle persiste, l’atteinte est plus grave. Une tendinopathie non soignée peut évoluer vers la rupture du tendon. Sans arrêt de l’activité, la prise de médicaments masquant la douleur risque de provoquer une sollicitation dangereuse. En pratique : repos, application de glace, travail musculaire excentrique !

Actions préventives par le travail de l’équilibre

Pour prévenir l’apparition des tendinopathies, il est nécessaire que les artistes travaillent l’équilibre pour optimiser les régulations posturales en potentialisant la participation des différents systèmes sensoriels. Dès lors, pour un danseur ou un comédien, il faut réaliser des exercices en situations instables les yeux fermés afin de limiter l’utilisation du système visuel, sollicitant ainsi les systèmes vestibulaire et proprioceptif.

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L’homme est « un grand paresseux », respectant un principe d’économie qui oblige à limiter l’utilisation naturelle du système le plus performant. L’environnement lors des exercices doit être varié afin d’améliorer l’adaptabilité et l’anticipation aux déséquilibres des artistes. L’entrainement améliore la répartition de l’utilisation des différents systèmes, la rapidité réactionnelle et la qualité des corrections. Ce travail favorise une utilisation plus économique des muscles pour un meilleur contrôle de l’équilibre et une diminution des contraintes tendineuses. En complément à cette approche, un travail de rééquilibrage musculaire et un échauffement spécifique à l’activité de l’artiste doivent être mis en œuvre pour prévenir les tendinopathies.

Les informations et conseils proposés s’inscrivent dans une logique de prévention. Ils ne peuvent en aucun cas se substituer à la consultation d’un médecin ou d’un professionnel de santé pour l’établissement d’un diagnostic précis et la prescription d’un traitement adapté.