Dans le cinéma, il n’y pas de règles : chacun y entre avec sa propre histoire. Celle de Cheyenne fait un bon scénario et c’est cette vie que la jeune femme, du haut de ses 36 ans, a décidé de raconter dans son prochain film : La fille publique.

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Cette fille, c’est elle et cette histoire est son histoire. Le film relate la vie d’une enfant de l’assistance publique, placée très jeune (à l’âge de trois mois) avec sa sœur ; elle n’aura de cesse de se battre pour se faire adopter par ses parents. « Des gens simples mais plein d’amour, empreints de la culture catholique dans laquelle ils m’ont forgée ». Dans ce film, Cheyenne Carron raconte la longue bataille administrative qu’elle a dû livrer pour être adoptée officiellement par ceux qu’elle a toujours considérés comme ses parents. Le film est à peine achevé, la sortie est prévue le 12 juin prochain, que Cheyenne s’attelle déjà à d’autres projets. Comme ce film inspiré d’une histoire vraie qui s’intitulera Le musulman qui aimait Jésus, et pour lequel elle cherche des partenariats financiers. « J’en ai besoin, sans quoi, mon film ne verra pas le jour ». Il en va ainsi au pays du cinéma indépendant.

Une formation sur le tas

 Si aujourd’hui, la jeune cinéaste peut se targuer de présenter un travail accompli, c’est parce qu’elle a fait un bout de chemin depuis ses seize ans, l’âge où elle débarque à Paris. Son seul bagage, un CAP de secrétariat et une seule idée : ne pas exercer ce métier. Elle débute alors dans le mannequinat pour gagner sa vie et passe des soirées à regarder des films. « Je me suis initiée sur le tas, avec des rencontres, des amis qui m’ont fait découvrir des œuvres majeures du cinéma. C’est ainsi que grâce à la VHS, j’ai regardé jusqu’à cinq films par jour. ». Grâce aussi, dit elle, au cinéma de minuit, émission diffusée sur FR3 qui n’échappait pas aux cinéphiles de l’époque. C’est ainsi qu’elle découvre les classiques, le noir et blanc se laissant prendre par des atmosphères et des voix d’antan.

En 2001, elle fait son premier film pour lequel elle obtient le soutien financier d’un producteur. Film qu’elle considère comme maladroit «ça fait partie de l’apprentissage mais depuis j’ai compris qu’il vaut mieux travailler en toute indépendance financière ». D’autres films verront le jour, des courts métrages. Et, des prix aussi, dont la jeune femme peut être fière, comme celui qu’elle reçoit au festival international du film à Berlin. Pour autant, Cheyenne Carron le sait : « Rien n’est jamais acquis tant qu’il n’y pas les financements pour réaliser un film ». Et même si aujourd’hui, il n’est pas rare de voir des films de qualité qui ont été réalisés avec de petits budgets, il n’empêche que pour un jeune réalisateur, rien ne peut être fait sans moyens. Et quand Cheyenne cherche des partenaires pour ses films, elle n’a qu’un leitmotiv : faire confiance et donner confiance.

 

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