« Dansez, dansez, sinon nous sommes perdus »
, répétait Pina Bausch, sans doute l’un des plus grands noms de la danse contemporaine. Alors dansons ! Et ce ne sont pas les occasions qui manquent. Qu’elle soit contemporaine, classique, dans un ballet, ou simplement dans quelques scènes ponctuant une pièce ou un spectacle, la danse reste au cœur du spectacle vivant. Les succès de Contact à Chaillot de l’incontournable Philippe Découflé, ou de M. et Mme Rêve de Marie-Claude Pietragalla et Julien Derouault, sont là pour le rappeler. Un art qui flirt même désormais avec le glamour, avec l’arrivée médiatique et médiatisée de Benjamin Millepied à l’Opéra de Paris, sans oublier ces stars (ou présentées comme tel) qui s’y essaient le samedi soir en prime time.

 

Des grands noms, certes, mais qui ne doivent pas occulter le bouillonnement de créations, plus modestes, mais qui peinent à s’épanouir. Car la danse reste sans doute le parent pauvre du spectacle vivant, passant bien après le théâtre, la musique, le cirque… Ceux qui se sont penchés sur la situation de la danse contemporaine en France s’accordent à dire que le secteur est fragile et ne bénéficie pas de moyens suffisants pour assurer son développement, que ce soit en terme de diffusion, de production ou dans le suivi des parcours professionnels des chorégraphes et des danseurs. Sans se lancer dans une longue énumération, les obstacles qui parsèment le parcours du combattant des troupes sont nombreux. Comme la frilosité des programmateurs, qui préféreront « assurer » avec un spectacle tout public, plutôt que de donner sa chance à une création de ce genre. Difficile dans ces conditions d’éduquer un public souvent de non-initiés. Autre phénomène peu encourageant : les spectacles de danse, contrairement aux spectacles de théâtre, ne bénéficient presque jamais de séries de dates.

 

Pour autant, le tableau n’est pas aussi sombre qu’un Soulages. Depuis une quinzaine d’années, la situation évolue dans le bon sens, avec la multiplication par trois du nombre de compagnies conventionnées, la création des centres de développement chorégraphique, ou encore l’ouverture du Centre national de la danse à Pantin en 2004. Un lieu ambitieux, destiné à accompagner les professionnels lors de toutes les étapes de leur carrière, en proposant des formations de haut niveau, l’accueil et le soutien de compagnies. Mieux, on peut aussi y trouver de quoi s’inspirer, avec un fond documentaire, et l’édition d’ouvrages de recherches sur la danse.

 

Tout n’est pas rose, mais ce dossier de profession spectacle rassurerait sans doute Pina Bausch… nous ne sommes pas perdus !

 

 

Nos articles du dossier :

  • Rencontre avec Roman Baca, fondateur de la compagnie Exit 12 (guerre et danse).
  • Portrait de Romano Atmo, inventeur d’une méthode de danse tzigane.
  • Interview de Valérie Martel, de la compagnie ACM Ballet.
  • Interview de Jean-Christophe Paré, directement des études chorégraphiques du CNSMD.
  • Rencontre avec Evandra Martins, danseuse et chorégraphe.