À l’approche de la renégociation des annexes 8 et 10, le Nouveau parti anticapitaliste (NPA) relaie sur son site Internet un article publié le 10 avril par Hebdo Tout est à nous ! Son auteur défend becs et ongles les droits acquis gravés sur les précieuses tables de marbre. Fort bien. Mais ce qui m’interpelle davantage, dans cette affaire, c’est l’illustration proposée : un cliché de manifestation revendicative, avec une banderole estampillée de ce curieux slogan « Pas de culture sans droits sociaux ».

Il y a ici quelque chose de typique de ce que traduisent les slogans : cette plaie culturelle de la société de consommation-communication que constitue l’articulation-réduction efficace d’éléments de langage. Une sous-culture qui pervertit le champ du vocabulaire, et donc celui de la pensée. Peut-il y avoir une culture sans droits sociaux ? Poser la question, c’est y répondre déjà. Non pas que les moyens ne soient pas utiles à la création, mais – bon sang quand même ! – la culture fondée sur les droits sociaux devient une « culture des droits sociaux ». Elle exprime la vacuité d’une Cité en train de devenir une société de revendication universelle de droits. Non, ce qui se joue ici est du domaine de la liberté intérieure face à la contrainte extérieure. C’est-à-dire ce choix irrépressible de cultiver sa capacité de respiration et de vie intérieure – donc de libre création – quelles que soient les conditions et circonstances. Ici se situe la dynamique vitale de toute culture authentique.