Le cinéma est un art nouveau avec ses cent vingt années d’existence. D’une certaine façon, il peut même être considéré comme le seul art véritablement moderne.

Moderne, il l’est d’abord par son extraordinaire dépendance à l’égard de la technique. Des premiers films muets aux réalisations actuelles en 3D, son histoire n’est qu’une suite de révolutions. Cela va du montage à l’image numérique en passant par le parlant et la couleur. Toutes ces mutations qui modifièrent en profondeur l’art de raconter une histoire sur la pellicule sont nées de la technique, souvent d’ailleurs au grand dam des artistes eux-mêmes. Rappelons nous ce que Charlie Chaplin pensait du parlant.

La dernière révolution en date est celle de l’image numérique, qui a entrainé le renouvellement des matériels (à commencer par les caméras), mais a ouvert de nouvelles possibilités.

Cette course à l’innovation a un coût, dans tous les sens du mot. Si le cinéma est dépendant de la technique, il l’est encore plus de l’argent. Aucun art ne mobilise autant de moyens humains et matériels, ni autant de temps pour sa réalisation, aucun non plus n’est autant soumis à la règle de fer de la rentabilité. A cet égard, les cachets mirobolants de certains acteurs ne sont pas une aberration économique, mais des investissements.

C’est dans ce contexte qu’il faut regarder la bonne santé du cinéma français, une bonne santé d’ailleurs relative. Nos films se maintiennent, y compris à l’étranger. En 2011, selon le CNC, ils ont enregistré 74,3 millions d’entrées à l’étranger, soit une progression de 23,6% par rapport à 2010, mais ce succès doit être fortement nuancé. Film français ne veut pas dire forcément film en français, et, sur le podium, le premier film de langue française est « Rien à déclarer » de Dany Boon. Encore son succès se limite-t-il à l’espace francophone.

L’une des raisons de cette bonne santé est la qualité de la réalisation française, et la valeur – voire l’excellence – de ses professionnels. Dans ce dossier, nous avons donc voulu présenter quelques uns d’entre eux, vous faire découvrir leur parcours, les différents métiers qu’ils ont exercé ou exercent encore simultanément. Artistes et techniciens, ils nous disent aussi les mutations qu’ils ont connues et leurs remises en causes. Surtout, ils parlent à ceux qui sont déjà leurs camarades ou espèrent le devenir.

Enfin, nous évoquons une actualité toute récente qui nous montre encore une fois que si le cinéma est une richesse, c’est une richesse fragile et qui doit sans cesse se réinventer, dans tous les domaines. Cela peut passer par des remises en cause parfois douloureuses, mais après tout, comme le dit la blague qui court dans le milieu : « Le premier jour, le cinéma fut inventé ; le deuxième jour, le cinéma était en crise ».

Tel que nous vous le proposons, ce dossier n’est certainement pas complet (comment pourrait-il l’être ?). Mais nos différents coups de sonde peuvent permettre d’appréhender ce drôle de septième art qui, comme son nom l’indique, vit d’abord de mouvements.

Lire les articles de notre dossier :

Mike Fromentin : de l’ombre à la lumière

Cheyenne Carron : Une histoire de confiance

Pierre Aknine : Si t’es bon, tu as toutes les chances de réussir

Du film à l’e-bd : Franck Chiche a tout compris

Quels salaires pour les techniciens du cinéma?