La parole aux acteurs ordinaires du spectacle !

A la veille de l’ouverture des négociations sur le régime d’indemnisation chômage des intermittents, Profession Spectacle donne la parole à ceux qui ne l’ont que trop rarement. La parole de « la base » est à valoriser quand les logiques institutionnelles semblent tourner en rond…

« Au loup ! Au loup ! Un milliard ! » s’écrie la chaîne Public Sénat. Ah ! Le fameux milliard de déficit des 110 000 intermittents impénitents… Le quart du déficit de l’assurance-chômage, rappelle la presse à longueur de colonnes. Au Sénat, précisément, « des sénateurs de gauche veulent rogner les avantages des intermittents », titre Le Figaro. Mais pour Maryvonne Blondin, l’une des sénatrices en question « il s’agit de préserver un régime social essentiel à la création artistique et à notre richesse culturelle ».

Alors quoi ? Comment appréhender la question ? Et au juste, s’il y a un loup quelque part, qui est ce loup ? Le prédateur par excellence n’est-il pas le monde marchand qui veut substituer à la création ses distractions de masse ? Ou le loup – entendez le problème – est-il seulement ce monde de la production audiovisuelle qui fait beaucoup de mal à l’image de l’intermittence, via les abus des « permittents » ? « L’assurance-chômage des artistes fait le bonheur des télés et des sociétés de production », rappelle L’Express, indiquant que « les pratiques des chaînes et des boîtes de prod’ sont dans le collimateur d’Aurélie Filippetti ». Tandis que les syndicats oscillent entre défense des droits acquis et concessions réformistes pour « sauver les meubles », le ministère réaffirme son soutien aux intermittents, tout en préparant le secteur à une certaine Realpolitik.

Un débat sans fin ?

Le débat semble sans fin. D’une certaine manière, c’est un « marronnier » médiatique, qui offre périodiquement le spectacle d’une partie de ping-pong à coups de « châtaignes » : pan dans la gueule ! Loin du pugilat, les artistes et créateurs qui ne sont ni syndicalistes professionnels ni doux rêveurs iréniques s’interrogent. Ces artistes sont animés par une passion, ce qu’ils produisent est à la fois le fruit d’un talent et d’un travail acharné. Quel temps et quelle énergie leur restent-ils pour s’occuper des affaires du « loup » ? Dans ce dossier, Profession Spectacle a choisi de leur donner la parole. Bien évidemment, ils soulignent, dans l’ensemble, l’importance du statut pour survivre, mais on sent bien que la passion prime l’intérêt. Et il y a des contrexemples, tel Dominique Rambaud, du Théâtre en bois, qui explique pourquoi il a choisi d’abandonner le fameux statut.

Cette parole des simples intermittents de terrain est capitale. Non seulement parce qu’elle favorise la valorisation concrète des métiers du spectacle, mais encore parce que l’on sent bien le potentiel d’intelligence collective que recèle la profession. Imaginons un instant que cette intelligence collective soit mise au service de mécanismes nouveaux de solidarité, dont la profession aurait la maîtrise…

On pourrait peut-être commencer à rêver tout haut de véritables Etats généraux des métiers du spectacle, une initiative qui viendrait de la base et surprendrait toutes les logiques institutionnelles pour promouvoir la parole et la place des acteurs ordinaires du spectacle. Avec – pourquoi pas ? – des solutions nouvelles au bout !

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