Sans me prendre pour Montesquieu, je m’interroge sur l’esprit d’une loi, en l’occurrence celle de 1999, qui définit le spectacle vivant comme une œuvre de l’esprit. Sans contester l’évidente pertinence de cette définition, d’autres points de la loi me semblent discutables.

Elle décide en effet que « Le spectacle vivant est défini par la présence physique d’au moins un artiste du spectacle, percevant une rémunération lors de la représentation en public d’une œuvre de l’esprit ». Pour que le spectacle soit qualifié de « vivant », il est donc indispensable que l’une des personnes physiques qui y participent soit un artiste rémunéré en tant que tel.

Cela écarte d’emblée les machinistes et autres techniciens, qui participent dans l’ombre à sa réussite, quand bien même seraient ils les seuls agents rémunérés. Cela écarte aussi les spectacles amateurs, qui réunissent toutes les conditions, sauf celle de la rémunération des artistes.

Je trouve cela curieux : en quoi le fait d’être rémunéré ou pas, induit-il que le spectacle soit vivant ou non ? Il est certes normal que l’on établisse un distinguo entre spectacle amateur et professionnel, mais en quoi l’un serait plus vivant que l’autre ?

Et même dans un spectacle payant, si l’ensemble des artistes souhaitaient réinvestir la somme gagnée durant la représentation, pour acheter des décors par exemple, pourquoi ce spectacle perdrait-il la qualification de « vivant » ?

Il y a là un non-sens significatif d’un état d’esprit trop répandu dans notre système administratif et législatif. Le législateur s’immisce dans l’organisation même du spectacle en édictant des principes qui ne « collent » pas à la réalité. Plutôt que d’emprisonner le vivant dans le carcan des textes, il vaudrait mieux le laisser librement s’organiser.