L’hyperlaxité fascine depuis l’antiquité, mais, ce n’est que récemment que ce syndrome est mieux connu et étudié.

L’hyperlaxité, une caractéristique des artistes?

Le Syndrome d’Hypermobilité Articulaire (SHA) est défini comme des amplitudes de mouvements articulaires augmentées par rapport à la population générale. Il touche près de 12% des individus. La prévalence dépend de facteurs aussi variés que le sexe, l’âge, l’hérédité et l’ethnie. De nombreux spécialistes considèrent que les artistes présentant une hyperlaxité ont des facilités lors de l’apprentissage de la danse, du cirque et de la musique. Dès lors, les personnes hyperlaxes s’orienteraient plus facilement vers les pratiques artistiques. En effet, 70% des danseurs et 40% des musiciens présentent ce syndrome. Or, le SHA constitue un facteur de risque favorable pour le développement des pathologies liées à une pratique artistique intensive. Il est donc nécessaire d’identifier ce syndrome précocement afin d’anticiper les risques et de mettre en place des actions préventives.

L’hyperlaxité: avantage ou inconvénient?

Ce symptôme qui est à la limite de la pathologie implique des désordres génétiques au niveau des tissus (surtout au niveau du collagène) induisant une fragilité et une plus grande vulnérabilité
aux contraintes des ligaments, des muscles, des tendons, des os et de la peau. Ainsi, les danseurs hyperlaxes ont plus de risque de développer de l’arthrose, des tendinopathies, des luxations et des douleurs lombaires.
Chez les musiciens, ce syndrome semble défavorable pour les genoux et le dos, alors qu’au niveau des doigts, il semble que l’hypermobilité est plutôt un facteur de prévention. D’autres effets bénéfiques ont pu être identifiés, comme l’aisance pour l’apprentissage, l’augmentation de la densité osseuse et des facilités pour réaliser des mouvements nécessitant de grandes amplitudes articulaires.

Diagnostic de l’hypermobilité

Le SHA touche l’ensemble du corps dès la naissance. Il doit donc être distingué de la souplesse qui correspond à une hypermobilité acquise par le travail de certaines amplitudes de mouvement lors de la pratique artistique. Lorsqu’un danseur est souple, les amplitudes articulaires sont augmentées uniquement pour les mouvements travaillés (ex : grand écart pour les hanches), alors que les autres mouvements ont des amplitudes normales (ex : flexion / extension du poignet). En revanche, lorsque le danseur présente une hyperlaxité, l’ensemble des articulations sont hypermobiles (hanches, chevilles, doigts, poignets…).
Pour dissocier la souplesse et l’hyperlaxité, le diagnostic repose sur le score de Beigthon qui comprend 5 tests simples à réaliser .
Cette évaluation de la mobilité articulaire est peu influencée par le travail de souplesse, excepté pour le premier critère. Tout artiste obtenant une note supérieure à 4 sur 9 doit être considéré comme à risque et nécessite une confirmation du diagnostic par d’autres tests réalisés chez un médecin.

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Actions préventives

La prévention chez un artiste atteint du SHA a pour objectif de développer une plus grande capacité à stabiliser de manière active les articulations grâce au travail musculaire et à la proprioception. Il faut également porter une attention particulière pour veiller à ne pas sur-développer l’hyperlaxité naturelle. Les mouvements avec une mobilité acceptable et non dangereux pour les structures du corps devront être privilégiés. Ces différentes actions ont pour objectif de limiter les risques liés au SHA. Un suivi et un travail préventif précoce doivent aider le danseur, le circassien et le musicien à pouvoir pratiquer son activité artistique dans les meilleures conditions possibles à long terme.

Les informations et conseils proposés s’inscrivent dans une logique de prévention. Ils ne peuvent en aucun cas se substituer à la consultation d’un médecin ou d’un professionnel de santé pour l’établissement d’un diagnostic précis et la prescription d’un traitement adapté.