petites-sallesElles sont souvent le lieu de passage obligé d’une carrière artistique, ces petites salles de cinquante places en moyenne qui fourmillent aujourd’hui dans Paris et certaines métropoles régionales. Quelques unes sont de vrais théâtres, ou presque, d’autres entendent rester fidèles à l’esprit du café-théâtre.

Car c’est du café théâtre que tout est parti, et pas seulement la troupe du Splendid. Des comédiens comme Rufus, Romain Bouteille, Coluche ou Bernard Haller, des musiciens comme Jacques Higelin y ont fait leurs débuts (à la mythique Vieille grille) avec le succès que l’on sait. Ces petites salles sont aussi à l’origine d’un style de spectacle original, plus intimiste et (très) proche du public. Le « one man show » y règne en maître, ainsi que le « close up » (pour les magiciens) sans parler de la chanson, voire de la lecture publique.

Pour le jeune artiste, plus tout à fait débutant ou jouissant déjà d’une petite notoriété, la petite salle permet d’apprendre à affronter un vrai public, sans tricher. C’est aussi une occasion en or de se faire connaître, surtout auprès des « professionnels de la profession », organisateurs de spectacles, agents ou metteurs en scène.

Ils connaissent souvent le lieu et son patron, et viennent souvent (quand ils viennent) avec un a priori favorable. Pour cela, il faut savoir faire chauffer son carnet d’adresses (et celui des amis), et… se débrouiller pour la promotion. Le maître des lieux, en cette matière, se contentera en effet du strict minimum. Mieux vaut alors prévoir ses propres affiches.

De riches opportunités

Bien sûr, tout n’est pas rose pour autant. Ne vous attendez pas à un cachet mirobolant (surtout à Paris), même si vous tenez l’affiche un certain temps. A moins d’entrées à des tarifs délirants, les recettes seront plutôt modestes (faites le calcul pour une salle de cinquante places, en comptant les invitations). De cet- te recette, il faut retirer encore la part du théâtre. Dans ce domaine, les conditions sont très variables : cela va de la location de salle pure et simple, sans technicien, au contrat de co-réalisation qui prévoit un pourcentage pour le théâtre (généralement aux alentours de 50%, avec un minimum garanti). Le propriétaire de la salle, qui vous assuregénéralement la régie (et le régisseur) a lui aussi des frais et doit assurer la pérennité de son théâtre.

De même, les conditions matérielles sont généralement spartiates. C’est le charme et la difficulté de ces lieux. Inutile d’abord de s’attendre au confort d’une loge de la Scala. Souvent, même dans des lieux reconnus, l’espace destiné aux artistes est plutôt exigu ou d’accès peu pratique (parfois, on ne peut pas y retourner en cours de spectacle). De plus, la même salle accueille généralement plusieurs spectacles dans la même journée. Il importe donc de se préparer rapidement et, la prestation terminée, de dégager les lieux non moins rapidement.

Reste la question : comment se produire dans de telles salles ? Le plus simple, et le plus courant, reste de présenter un dossier complet avec la description du spectacle, des indications sur la mise en scène, le matériel utilisé et, bien entendu, le parcours professionnel des artistes. Ajouter un enregistrement video numérique ou MP3 ne peut pas faire de mal. Le délai de réponse varie selon les salles. Avec leurs petits inconvénients, les petites salles de spectacle offrent aux artistes en début de carrière de riches opportunités qu’il faut savoir ne pas négliger.