Comédienne au départ, Anne-Gaël Gauducheau, est conteuse depuis 20 ans. Sa fréquentation des textes contemporains l’a amenée à ce qu’elle appelle la « littérature orale » :  » Ce qui s’écrit pour la voix, la scène sans être nécessairement du théâtre ». Profession Spectacle l’a rencontrée..

Pour vous, qu’est-ce qu’une conteuse ?

Une conteuse raconte des histoires. Elle les écrit aussi, souvent. Elle fait souvent un travail de recherche, de comparaison de sources existantes, puis elle se met au travail d’écriture et d’adaptation pour sa voix, pour sa langue, et aussi pour le monde d’aujourd’hui. Un conte doit être contemporain, même s’il a dix siècles…

Cela se passe donc sur scène ?

Oui. Sur scène et pas seulement. Certains excellents conteurs sont tout à fait déplacés sur une scène de théâtre. En ce qui me concerne, j’aime l’adaptation constante aux lieux, aux gens, à la situation. En général, je crée mes spectacles sur une scène, avec un créateur « lumières », un œil extérieur et quelques fois des éléments de scénographie. Puis, j’adapte aux lieux non-théâtraux. Et quand je raconte « à voix nue », sans technique et sans accompagnement, je garde des traces de ce qui a été fait, senti, créé sur un plateau.

Y a-t-il différents styles de conteurs ?

Oui, parce qu’il y a aussi différents styles de conte. C’est comme en musique. Il y a des conteurs punks, des conteurs de faits divers, des conteurs d’épopée, d’histoires drôles, des conteurs de contes merveilleux, des conteurs de terroir, de conteurs du monde, de pure invention…

Et vous ? Quel est votre univers ?

Je suis une « globe conteuse ». J’aime transporter les gens ailleurs pour mieux les aider à voyager en eux-mêmes. J’ai commencé par raconter l’Afrique de l’ouest où je suis née. Puis j’ai raconté Nantes au temps des long-courriers (un récit et des archives). Je prépare un récit écrit tout en vers par un grand monsieur de la littérature orale… à partir d’une matière africaine. Et je fais des « concerts d’histoires » : tous mes récits sont créés avec des compositeurs, et/ou des musiciens qui jouent avec moi sur scène

Vous faites partie de la compagnie La Lune Rousse. Pouvez-vous nous expliquer ce que c’est ?

Il s’agit d’une structure pour produire mes spectacles. Faire que les rêves de conteuse s’ancrent dans la réalité concrète, y compris purement budgétaire. Une structure pour défendre une discipline en pleine (re)création. ça bouge en ce moment au niveau national !

Que diriez vous aux jeunes conteurs?

Je leur dirais de se former, d’écouter un maximum de contes et de conteurs, d’étudier les sources, de n’avoir pas peur d’affronter les vieux contes sans a priori. Je leur dirais de ne pas se décourager (parce que c’est quand même un métier pas facile et précaire…). Enfin, je leur dirais que s’ils sentent que c’est profondément leur voie : qu’ils foncent !

Propos recueillis par Violaine DUSCH

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