GWENDALPour Gwendal Ar Floc’h, le monde des conteurs tend à disparaître en France. En tout cas le sien, celui qui l’inspire et qu’il respire. Celui des Korrigans et de l’Ankou, la mort en breton, qui rode toujours dans les vieilles légendes celtes. Un monde peuplé de personnages imaginaires et de légendes, effrayants mais aussi naïfs et amusants. Car le Breton a de l’humour.

Né en 1932, dans la région très pauvre des montagnes noires, ce barde tellement inspiré par Dame Nature, s’est retiré depuis belle lurette dans ses terres, dans la région de Cornouaille où il vécut ses années d’enfance aux côtés d’un grand-père, guérisseur d’animaux. Dans les années cinquante, c’est la vie à Paris, la Bastoche, l’argot et les copains. La vie de bohème aussi, pas toujours facile de conter, quand on crève la faim. A l’époque avoir un métier était une question de survie. Celui qu’il exerce pendant des années et qui le sauve, est celui de plâtrier. Et, c’est donc le plus souvent les mains et les cheveux blancs de plâtre qu’il débarque sur les plateaux de cinéma pour exercer son autre métier, celui de comédien. C’est l’époque où il joue avec les grands, Jean Gabin, Jacques Tati ou encore le réalisateur, Luis Bunuel. Des années parisiennes riches d’expérience et de rencontres qui vont le former, le nourrir et entretenir son imaginaire. Depuis, Gwendal ar Floc’h a quitté Paris mais il continue avec sa gouaille et son talent à conter des histoires extraordinaires.

Le conteur est habité !

Pour Gwendal, le conteur est intrinsèquement lié à une langue et à une terre. La sienne est bretonne et sans cette langue, il ne pourrait être le conteur qu’il est aujourd’hui. « Car le conteur doit être de quelque part, attaché à une région et à une langue. Il est inspiré par ses ancêtres et par leurs histoires. ». Il y a de la mystique dans tout cela. Un peu inspiré et un peu sage, le conteur est aussi celui que l’on respecte car il sait. Il a la connaissance et l’expérience et l’Ankou n’est jamais très loin. Il en est ainsi dans les communautés d’Afrique où l’on trouve les meilleurs conteurs. C’est ainsi, le conteur est choisi par la communauté parce qu’il a du charisme. Sans force narrative, ni imagination, peu de chance de faire carrière dans le domaine : « le conteur, c’est celui que l’on remarque, que l’on voit de loin. Non seulement il est habité par un état d’esprit proche de la nature mais son imagination est débordante et sa connaissance est grande ». A entendre Gwendal, le conteur serait une sorte de sage que l’on admire et que l’on craint parfois. Et tant pis pour ses contemporains, quand le griot breton donne son avis sur les conteurs, c’est avec verve, d’instinct mais aussi avec drôlerie : « qu’ils prennent leur pied en se roulant par terre et en gesticulant mais pour moi les conteurs sont des être inspirés par des histoires, des personnages, une langue et une région ». Et oui, il en est ainsi au pays des contes.

 

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