Selon un constat largement partagé, le développement des médias, vecteur culturel de masse, a eu l’effet pernicieux de tirer l’offre culturelle vers le bas.

De la « société du spectacle » dénoncée par Guy Debord à la « société festive » stigmatisée par Philippe Murray, la notion de production culturelle enracinée a fait place peu à peu à une culture de consommation qui s’apparente au « fast-food ».

Par ailleurs, la décentralisation culturelle voulue par l’état et qui ne s’est en réalité traduite que par une forme de déconcentration (DRAC), par les scènes nationales notamment, au lieu de rapprocher les artistes du public, semble en revanche faire émerger, une sorte d’élitisme culturel avec, reconnaissons le, parfois de très belles réalisations.

Les racines et pratiques culturelles traditionnelles et populaires, quant à elles, ont été reléguées vers les «eaux usées» de l’animation dite « sociocu », favorisant ainsi une véritable « fracture culturelle ».

Les professions du spectacle et de l’audiovisuel voient ainsi émerger une aristocratie, pratiquant les «arts nobles», c’est-à-dire qui obtiennent l’aval des coteries du moment creusant un fossé entre celles et ceux qui se produisent au petit bonheur en dehors des circuits officiels, en sorte que les professionnels de la culture ne se reconnaissent plus toujours les uns les autres « es qualité ». Notre propos n’est pas pour autant d’opposer les différentes strates du microcosme culturel, mais au contraire de retisser des liens de solidarité. En effet, la réussite n’est pas critiquable, et elle témoigne le plus souvent de l’expression d’un travail acharné et d’un réel talent.

Ce qui est davantage sujet à caution en revanche se situe plutôt dans la disparité de traitement et surtout de reconnaissance que vivent les différents professionnels du spectacle, selon qu’ils sont d’un côté ou l’autre de la barrière de la réussite. On est en droit de se demander en effet, au-delà des actions de marchandisation et des mesures publiques qui sont souvent le fait du prince, si la profession ne pourrait pas générer elle-même une meilleure prise en compte de tous ceux qui la constituent. C’est donc au niveau de la profession qu’il convient de recréer de la solidarité et de la reconnaissance, du lien et de l’échange.

La disparité n’est intéressante que si elle est capable de consolider le tout. C’est à ça que Profession Spectacle souhaite apporter sa contribution.