Entre périodes d’activité et chômage, la réforme de 2010 ne simplifiera pas le casse-tête des retraites des professionnels du spectacle. Beaucoup de questions… et de réponses contradictoires. 

Pour les intermittents, le “casse-tête ” de la retraite consiste principalement à faire valoir tous leurs droits (voir Profession Spectacle N°4). Pas si simple, quand on est payé au cachet et que les Assedic comblent les “trous”…

A cet égard, la réforme des retraites votée cet automne n’arrange rien. La mesure phare de la réforme consiste à reporter l’âge légal de départ à la retraite de 60 à 62 ans. Corrélativement, l’âge de départ à taux plein et sans décote passe de 65 à 67 ans. Certes, une réforme était nécessaire, mais celle-ci ne suffira pas à équilibrer les budgets des caisses. Et l’on peut douter que le report de l’âge de départ soit la meilleure et la principale voie d’économie.

Reste à savoir ce que la réforme change pour les intermittents. “Les mesures vont s’appliquer de la même façon pour eux que pour les salariés permanents”, explique-t-on à Audiens. Cependant, dans leur cas, apparaît une difficulté particulière, qui tient à l’importance qu’occupe l’assurance chômage dans leurs moyens d’existence. “Ils vont toucher des allocations plus longtemps, ajoute-t-on à Audiens. Or, les périodes de chômage sont validées, mais pas cotisées : autrement dit, elles ne font pas perdre de trimestres aux professionnels du spectacle, mais elles ont pour effet de diminuer le montant de leur retraite de base.”

La réforme ne devrait cependant pas introduire de différence trop sensible, puisque la Cnav (retraite de base) calcule le montant des pensions, comme pour les salariés du secteur privé, sur la base des 25 meilleures années. La prolongation de l’activité ne devrait donc jouer que si elle est favorable. Quant aux retraites complémentaires (Agirc- Arrco, gérées par Audiens), elles calculent le montant de la pension à partir de l’ensemble de la carrière, en intégrant les périodes de chômage.

Par ailleurs, on peut s’interroger sur les conséquences que le recul de l’âge de départ aura pour certaines activités du spectacle, comme la danse, non par sur le montant des pensions, mais sur le temps passé au chômage. A moins d’imaginer que tous les danseurs pourront exercer leur art jusqu’à 67 ans…

La réforme maintient d’ailleurs l’allocation équivalente retraite (AER) pour les chômeurs proches de la retraite, qui pourront en bénéficier jusqu’à leur départ en retraite… Pour le reste, les difficultés restent les mêmes pour les intermittents : reconstituer le parcours professionnel. Comme l’expliquait en janvier dernier Patrick Barré, gérant du cabinet Avenir Retraite Expertise, “un intermittent ayant travaillé pour des collectivités locales, par exemple, ignore ou oublie le plus souvent qu’il a obligatoirement cotisé, dans ce cadre, à l’Ircantec (Institution de Retraite Complémentaire des Agents Non Titulaires de l’Etat et des Collectivités publiques).”