Le Salon des maires, qui s’est tenu le mois dernier à la porte de Versailles, a connu la même affluence que les années précédentes. Les stands y sont significatifs des préoccupations actuelles des collectivités locales. Cette année, les économies d’énergie, le traitement des déchets et des eaux usées étaient à l’honneur. Les services de toutes sortes étaient également représentés : transporteurs, matériels d’espaces verts, mobiliers urbains, aménagement de jardins publics… tout, sauf la culture.

A croire que ce secteur d’activité n’utilise aucun matériel, aucun service. Que les théâtres municipaux, les salles de concert, les équipements multimédia échappent aux politiques municipales.

Force est de constater que les politiques culturelles des municipalités s’inscrivent plus souvent dans leurs démarches de communication que dans leurs stratégies politiques globales. Les services culturels sont souvent relativement autonomes et ne s’appuient pas sur des projets culturels municipaux, comme il existe des projets sociaux. La culture, c’est un peu une option…

Les enjeux sont pourtant importants. Concernant la préservation de la langue de Molière, par exemple, le philosophe Michel Serres observe qu’« il y a plus de mots anglais sur les murs de Paris qu’il n’y avait de mots allemands sous l’Occupation »… À l’heure où l’on parle d’identité nationale, voilà qui donne à réfléchir.

La culture, c’est la vie. Elle signe l’appartenance à un groupe humain, favorise l’échange, la compréhension mutuelle et le lien social. Plus elle est riche et vivante, mieux elle permet à la communauté d’accepter l’altérité et la protège d’un retour au tribalisme.

C’est pourquoi les villes doivent placer la politique culturelle, non pas à la marge, mais au cœur du projet municipal.