petitessallesQue l’on soit musicien, chanteur ou troupe de théâtre, le plus dur est souvent de trouver où se produire. Alors quand les salles se font rares, ou que les portes ne s’ouvrent plus, pourquoi ne pas monter sur sa propre scène et la faire partager ? C’est le rêve qu’ont réalisé Philippe Bohée et Hélène Perraguin avec leur Rendez-vous d’ailleurs. 

Il aura fallu près de quatre ans avant de pouvoir le fixer, mais ce « Rendez-vous d’ailleurs » a désormais une adresse : le 109 rue des haies, dans le XXe arrondissement de Paris.

Pour l’instant, il est difficile de se douter que le lieu abritera concerts et spectacles. Mais derrière la porte en fer de cet ancien atelier de confection, un écrin taillé sur mesures pour les ar- tistes est en train de naître.

C’est Philippe Bohée, le propriétaire des lieux, qui se charge de la visite. À soixante-cinq ans, ce chanteur lyrique a vingt ans de carrière derrière lui. Avec sa femme Hélène Perraguin, chanteuse d’opéra et cantatrice, ils ont mis près de trois ans avant de trouver ce qu’ils espèrent être le bon endroit.

Un petit vestibule, puis une salle qui peut accueillir une cinquantaine de spectateurs, voire davantage en fonction de l’événement. Au plafond, deux fresques imitant le ciel, et au fond, une scène où attend un piano à queue. Le chantier est à peine terminé.

Ce qui est sûr, c’est que la concurrence n’est pas leur principal souci. Le couple est parti d’un simple constat : pour des chanteurs lyriques comme eux, il y a plus d’artistes que de salles où se produire : « Depuis plusieurs années, explique Philippe Bohée, nous organisons des concerts privés dans notre salon à Belleville. Le public, une trentaine de personnes en moyenne, était contacté par internet. Un succès. Les artistes étaient en demande, tout comme les spectateurs. Nous nous sommes alors demandé : pourquoi ne pas ouvrir une salle mais ouverte à tous genres de musique ? »

Une boîte dans une boîte

Le plus difficile fut de trouver le lieu, puis de convaincre les banques. Elles ont financé 70 % du projet. Pour cela, Philippe Bohée a monté un dossier cohérent avec un budget prévisionnel d’exploitation. Les démarches sont identiques à celles d’une création d’entreprise classique.

Une fois le lieu trouvé et financé, il faut obtenir une licence d’entreprise du spectacle auprès de la DRAC. Et c’est une commission qui valide ou non la demande.

Vient ensuite l’aménagement. Et là, le plus gros du travail est invisible. Car pour accueillir tous les types de concerts, il faut une acoustique et surtout un environnement phonique irréprochable. Pour éviter les vibrations et toute gêne pour le voisinage, la salle est ainsi entièrement isolée du reste du bâtiment par des plaques de caoutchouc. Pour résumer, c’est une boîte dans une boîte. Un chantier très lourd techniquement et surtout financièrement.

Avant l’ouverture, les propriétaires et gérants doivent également suivre des stages pour être formés sur les procédures de sécurité, d’évacuation en cas d’incendie…Vient ensuite la visite d’inspection de la préfecture.

Pour l’exploitation, deux formules sont proposées : la location classique suivant une grille tarifaire établie en fonction du jour de la semaine, ou alors le propriétaire et les artistes s’entendent pour se partager la recette de la soirée.

Pour mettre toutes les chances de son côté, Le « Rendez-vous d’ailleurs » a également un espace restauration pour éventuellement accueillir de sim- ples soirées ou repas…Et en sous-sol, deux pièces peuvent accueillir des répétitions.

Petit théâtre, salon, salle de concert : difficile pour Philippe Bohée de mettre un nom sur son « Rendez-vous ». C’est surtout pour lui un lieu d’expression, où lui comme d’autres peuvent vivre de leur passion.