couv26uneEn un peu plus de dix ans, une véritable révolution s’est opérée sous nos yeux. Cette révolution a eu ses prophètes (comme Steve Jobs), mais aussi ses artisans et ses outils. C’est la révolution numérique. Cette révolution a été si profonde que nous avons aujourd’hui du mal à nous rappeler ce que fut « l’avant », ce temps obscur où n’existaient ni Internet ni les téléphones portables (pour ne rien dire des smartphones !). Pour les gens de spectacle, c’était aussi le temps où l’enregistrement sonore et la vidéo n’étaient réalisables qu’avec des moyens limités (cassette vidéo ou VHS), et parfois coûteux. Se faire connaître, faire connaître son travail n’avait rien d’évident, surtout lorsqu’on démarrait dans la profession. De même, connaître la date et le lieu d’une éventuelle audition n’était possible que par le bouche-à-oreille ou les revues spécialisées.

Aujourd’hui, nous trouvons tout naturel d’enregistrer nos prestations, grâce par exemple à un caméscope numérique, et de garder nos vidéos et nos enregistrements sur le disque dur de l’ordinateur, voire de les toiletter un peu au moyen d’un logiciel assez simple. De même, en quelques clics de souris, nous pouvons les partager sur Youtube ou Dailymotion, quand nous ne les mettons pas sur notre « mur » Facebook.

Car, avec les nouveaux moyens d’enregistrement, sont apparus de nouveaux canaux de diffusion. Plus besoin de télévision ou de radio pour se faire connaître. Il suffit de disposer d’un réseau social avec de nombreux correspondants ou « amis ». Avoir dans ses contacts un directeur de théâtre ou d’autres professionnels n’est jamais inutile. Mieux même, sans recourir systématiquement aux réseaux, il suffit de donner son nom en précisant que « l’ami Google », ou tout autre moteur de recherche, permettra aux autres de tout savoir sur vous et sur ce que vous valez. Du reste, les éventuels employeurs n’attendront pas forcément votre suggestion pour se livrer à l’exercice. Faites leur confiance.

Mais les nouvelles possibilités qui s’offrent aux saltimbanques ont leurs limites. Le monde numérique est plein de pièges, voire de précipices. Il y a d’abord la trace que l’on peut laisser. L’enregistrement d’une prestation peut se révéler fort utile, il peut aussi s’avérer destructeur. Il suffit pour cela d’un enregistrement moyen sinon mauvais. Vous aurez beau exposer vos références et dérouler un CV, tous impeccables, telle vidéo prise lorsque vous n’étiez pas en forme et partagée sans votre approbation (cela existe) peut suffire à vous faire manquer un contrat. L’auteur de ces lignes a connu des exemples dans son entourage. Le monde numérique est parfois une jungle qui demande une attention de tous les instants. Ici plus qu’ailleurs, la médiocrité ne pardonne pas et vous restez en concurrence permanente avec les meilleurs aussi accessibles que vous.

Et puis il y a un autre risque plus subtil, celui de se laisser prendre au piège d’une notoriété toute relative, de « devenir un petit grand homme dans un rond », pour reprendre la formule du Cyrano d’Edmond Rostand. Ce n’est pas parce que vos prestations ou vos références sont accessibles du monde entier qu’elles sont connues du monde entier. La notoriété virtuelle n’est qu’un leurre si elle ne se concrétise pas sur la scène ou sur un autre écran que celui de votre ordinateur.

Le dossier que nous présentons ne vise pas à l’exhaustivité. Un livre y suffirait à peine. Nous avons seulement voulu donner quelques pistes de réflexion, des pistes appuyées sur l’expérience. Surtout, nous avons voulu montrer que les nouvelles technologies de l’information demeurent des amies pour l’homme de spectacle.Mais ce sont des amies auxquelles on peut faire confiance à condition de ne leur demander que ce qu’elles peuvent donner.

 

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