comedienC’est souvent la phrase de l’été pour tous les saltimbanques, bateleurs, chevaliers du off d’Avignon et autres lieux, musiciens, comédiens, magiciens et jongleurs (sans oublier les cracheurs de feu).

Bien sûr, certains ont parfois la chance d’être intégrés dans une grosse structure qui les rémunérera le plus souvent à peu près correctement, avec des heures, la feuille des Congés Spectacles et le remboursement de leurs frais de déplacement et d’hébergement Comme on aimerait qu’il en soit toujours ainsi lorsqu’on se produit en public !

Parce que la plupart du temps, on voit arriver un organisateur un peu embarrassé, ou au contraire un peu trop à l’aise, qui va nous expliquer benoîtement qu’on s’arrangera. Bien sûr, il aime beaucoup ce que vous faites, et les spectateurs seront ravis. Il connaît vos prix de conservatoire et votre press-book, mais, que voulez-vous, l’argent est rare, les subventions irrégulières et les mécènes se font tirer l’oreille. Enfin, on s’arrangera. Vous ne serez pas cachetonné : cela lui coûterait trop cher et vous rapporterait une misère, mais on vous défraiera, ou alors vous toucherez quelque chose sur la recette ou au chapeau, et on vous remboursera vos frais de camping et de sandwiches. De toute façon, vous êtes un artiste qui vit au-dessus des basses contingences matérielles. Enfin (c’est l’estocade finale), si vous n’êtes pas content de cette occasion unique de vous produire, il y a d’autres artistes qui se bousculent au portillon.

Ceux qui parlent comme cela ne sont pas tous d’odieux exploiteurs, loin s’en faut, mais ils ne se rendent pas forcément compte des investissements personnels et financiers (cours, matériel…) réalisés par celui ou celle avec laquelle ou laquelle ils veulent s’arranger.

Pourquoi ne pas leur demander aussi de s’arranger pour que les artistes ne perdent pas d’argent ?