Un entretien avec Catherine Rossi-Batôt, directrice de Lux-Valence

Pouvez-vous nous décrire, en quelques phrases, votre parcours jusqu’à la direction de la scène nationale Lux-Valence ? Catherine Rossi-Batôt : – J’ai débuté avec une très belle aventure : le lancement de Pôle Sud à Strasbourg, scène conventionnée pour la danse et la musique, avant de diriger le cinéma star dans cette même ville. Puis en 1994, j’ai rejoint Françoise Calvez qui dirigeait la Scène nationale de Valence-Crac à ce moment – dont j’ai été l’adjointe jusqu’en 2002. J’ai collaboré ensuite avec Jérôme Delormas, actuel directeur de la Gaîté Lyrique, avant de postuler, à son départ, à la direction de Lux.

Vous affirmez qu’à l’heure du numérique, deux pratiques artistiques : l’audiovisuel et le spectacle vivant, peuvent se marier, s’enrichir l’une de l’autre. Peuvent elles, même, constituer ensemble une nouvelle forme artistique ?

Catherine Rossi-Batôt : Les dialogues entre images et spectacles, qu’il s’agisse de la danse, des musiques ou du théâtre, se multiplient, se diversifient et peuvent être féconds : les nouvelles technologies offrent des hybridations, inventent de nouvelles écritures, de nouveaux modes de narration, et positionnent aussi le spectateur comme acteur.

Est-ce que la pratique artistique que vous soutenez est susceptible de faire évoluer les métiers du spectacle, voire en faire émerger de nouveaux ?

Catherine Rossi-Batôt : Bien sûr ces formes appellent de nouvelles compétences techniques et esthétiques, pour l’utilisation de la vidéo et des outils multimédia. De même, les bouleversements des usages et pratiques culturelles nous invitent à réinterroger nos modes d’approches en relations publiques.

Face à une massification médiatique de la culture, les scènes nationales semblent plus travailler pour un élitisme culturel que pour une démocratisation. Voyez vous des réponses à ce défi ?

Catherine Rossi-Batôt : Si certains outils font tomber des barrières et offrent des passerelles de démocratisation (je songe notamment aux petites caméras auxquelles Lux rend hommage dans le cadre du festival Caméras mobiles), la profusion de notre monde, son consumérisme, nécessitent de plus en plus d’afficher la nécessité de l’art, comme ferment signifiant et liant, et d’affirmer une action culturelle exigeante.

L’initiative récente de la carte des professionnels du spectacle (carte Saltimbank) crée du lien et de la reconnaissance entre tous les professionnels et alimente un fonds de solidarité. Qu’en pensez-vous ?

Catherine Rossi-Batôt : Notre monde a besoin de solidarité, toute proposition fondée sur l’économie sociale et solidaire, qui fédère un réseau et mutualise, comme la carte Saltimbank, mérite d’être saluée.

 

Propos recueillis