Intégrée au régime de droit commun (CNAV pour la retraite de base, Agirc-Arrco pour la complémentaire), la retraite des intermittents comporte néanmoins une difficulté particulière : faire valoir l’intégralité de ses droits. 

Ancien salarié de caisses de retraite et gérant du cabinet Avenir Retraite Expertise, Patrick Barré est catégorique : « Les intermittents sont souvent spoliés de droits qu’ils ignorent. La quasi-totalité d’entre eux n’a pas sa carrière à jour lors du départ en retraite. » Il est en effet difficile pour un intermittent de reconstituer la totalité de sa carrière, soit parce qu’il ignore certains droits spécifiques, soit parce qu’il n’a pas reçu ou conservé toutes ses attestations.

Il n’est par exemple pas rare que des artistes ou techniciens passent à côté de droits ouverts à l’Ircantec, la caisse de retraite complémentaire des agents non titulaires de l’Etat : « Quand l’employeur est une collectivité publique, explique Patrick Barré, il cotise à l’Ircantec. Si l’intermittent l’ignore, il omet de faire valoir ses droits auprès de l’Ircantec. » Des oublis qui peuvent aussi concerner les droits d’auteur, qui font parfois l’objet de cotisations facultatives aux régimes surcomplémentaires gérés par le groupe Berri (Ircec, Racd, Racl).

pensionUne autre difficulté se pose fréquemment : de nombreux intermittents ne conservent pas leurs attestations annuelles Assedic. Or, si les périodes indemnisées ne donnent pas de points pour la retraite de base, elles en donnent pour la retraite complémentaire et permettent également de valider des trimestres. Par ailleurs, si la transmission des attestations est aujourd’hui fiable, ce ne fut pas toujours le cas : « Il y a eu des problèmes dans les années 1980 et 1990, raconte Patrick Barré. Il faut donc contrôler, en reconstituant la totalité de la carrière, ce qui manque au dossier, que ce soit pour les périodes travaillées ou les périodes indemnisées. »

Pour les intermittents qui sont aujourd’hui les plus proches de la retraite, un point mérite une attention particulière : celui de la période antérieure à 1974 :

« Avant 1974, les cotisations n’étaient pas obligatoires, rappelle Patrick Barré. Même si l’employeur ne cotisait pas, il est possible de faire valider des points Agirc ou Arrco gratuits, sous réserve de produire des bulletins de paie ou des attestations de travail. » Là encore, un travail de fourmi est nécessaire pour reconstituer point par point tous les éléments de la carrière. « Cela vaut vraiment la peine de faire cet effort, insiste Patrick Barré. Je traite environ 150 dossiers chaque année pour des intermittents et je peux vous dire qu’il y a systématiquement des droits à récupérer. » Mais le premier effort, pour un intermittent, consiste à archiver scrupuleusement, au fur et à mesure, tous ses justificatifs : fiches de paie, attestations de travail, attestations Assedic annuelles, relevés annuels de droits fournis par Audiens etc. Il convient également de commencer à préparer son dossier de retraite quelques années avant l’échéance… car le chemin peut être long et sinueux !