Pôle Emploi est certainement une entreprise à la pointe de la technologie, l’ennui est que son fonctionnement interne n’a pas dépassé les définitions du spectacle de 1945. Elle en est restée à l’époque où les comédiens devaient encore déclamer leur texte dans le cadre d’un théâtre dûment estampillé à l’italienne et se cramponne à des conceptions bien éloignées du monde réel.

Quelques exemples significatifs 

Vous chantez à l’occasion d’un concert lyrique dans une église :

Eh bien non, Pôle Emploi vous répond que ce n’est pas un lieu de spectacle donc ce cachet ne sera pas considèré comme tel. C’est bien connu : chanter dans une église n’est pas digne d’un chanteur professionnel et n’importe quel badaud passant par là peut très bien faire l’affaire.

De même, travailler comme magicien dans un supermarché n’est pas considéré comme un spectacle par Pôle Emploi pour une raison tout à fait « officielle » : les gens ne sont pas venus pour ça …

Donc, la définition du spectacle vivant n’est pas la fonction, ni même le fait de payer au moins un professionnel (voir l’ordonnance de 1945), mais de savoir si les gens sont venus pour voir un spectacle ou si le lieu est adéquat.

Je pense, alors, à tous les spectacles de rue… Si cela continue ainsi, ils ne pourront plus être reconnu comme relevant du spectacle … Tous ces artistes de rue doivent trembler car leur public ne vient que rarement en ayant pour but unique de voir leurs prestations.

Mais ce n’est pas tout, rapprochons nous du propos du dossier de ce numéro. Un cadreur ou un comédien qui jouent pour une série diffusée sur le web ne sont ni un cadreur, ni même un comédien. Ils ne se sont pour Pôle Emploi que des individus lambda. Ainsi, ce ne serait donc pas le même métier que de filmer ou jouer devant une caméra selon que la pellicule sera diffusée sur une toile de 24 m2 ou sur un simple écran de 17 pouces…. En y réfléchissant bien, on pourrait faire valoir qu’une diffusion via internet demande peut être encore plus de professionnalisme, mais ce n’est pas là le souci de Pôle emploi qui n’a que faire du professionnalisme et encore plus des nouvelles technologies.

Pourtant, il reste un mystère encore plus grand… Tous ces professionnels exerçant un métier technique ne seront peut être pas pris en compte, si l’INSEE a accordé à leur employeur le mauvais code APE, exception faite si leur employeur est immatriculé à Monaco…. Cherchez l’erreur !

Alors que peut-on en penser ? 

Quelles sont leurs préoccupations, leurs contraintes ? Ne faut-il pas voir le lobbying de certains producteurs ou autres organisations vieillissantes et minoritaires souhaitant conserver leurs « prés gardés », arcboutés à leurs visions idéalisées d’un monde qui évolue sans cesse, qu’ils n’arrivent pas ou plus à suivre et qui finit par les dépasser.

Mais non ! La seule explication possible et que nous pouvons comprendre, nous les simples citoyens, c’est bien évidemment : la Finance. Moins il y aura de salariés du spectacle à cotiser, plus le déficit se creusera, et plus les arguments seront faciles à trouver pour réformer le «statut»… A moins que cela ne soit le contraire : moins de salariés du spectacle, moins le déficit s’accentuera au détriment du nombre de chômeurs au régime général… Ce serait donc là le secret d’une bonne gestion !

Reste une question importante : de quoi parle-t-on ? Quel est l’enjeu ? La culture, la civilisation ou l’économie ? Mais où est notre Ministre ?