Mercredi 8 février, je lis sur mon fil d’actualité une dépêche AFP aux accents rageurs : « Le régime d’indemnisation au titre du chômage des intermittents du spectacle est l’objet d’une “dérive massive” et “persistante”, estime la Cour des Comptes, qui avertit que cette situation n’est “pas soutenable” dans le contexte actuel, selon un rapport publié mercredi. » Je me précipite sur le rapport public 2012 de ladite Cour, je m’attends à y découvrir quelque chose d’en effet insoutenable, par exemple un doublement du déficit ou encore une explosion des fraudes, avec moult détails croustillants à l’appui. Mais cette montagne de « grands mots » accouche d’une souris : le déficit est certes important, mais il se stabilise, voire recule légèrement : 1,031 milliard en 2010 contre 1,054 en 2009.

Quant aux fraudes, aucun élément nouveau ne vient étayer l’idée de « dérive massive ». La Cour note même un léger mieux sur le front de la « permittence ». Ensuite, je croyais, après avoir lu le récit apocalyptique du rapport, que les remèdes proposés seraient à la hauteur des mots employés. Là encore, pas de quoi fouetter un chat : les recommandations de la Cour se limitent à un aménagement technique des cotisations patronales, un rééquilibrage des avantages respectifs des techniciens et des artistes (au profit des seconds) et à un appel au ciblage des actions de formation et de reconversion.

Tout ça pour ça ? Tous ces grands mots pour quelques menus remèdes ? Que cherchent donc les très sérieux magistrats de la rue Cambon, subitement mués en « tontons flingueurs »? A travers cette « guéguerre » des mots, c’est une guerre psychologique qui se joue. Il s’agit de préparer les esprits à ce qui se passera après le « grand cirque » d’avril-mai 2012 : des coupes sombres partout. Les saltimbanques n’y échapperont pas, ils sont dans le viseur.

Quels contre-feux allumer ? Sans doute beaucoup, mais peut-être d’abord celui-ci : attiser le « feu créateur » et montrer par là qu’un pays ne sort pas d’une crise majeure sans puiser dans sa culture une force vitale.