Les bénévoles se font rares et il faut parfois aux organisateurs des trésors d’imagination pour en attirer. Des sites internet comme Festival Rhône Alpes leur permettent de passer des annonces. Objectif : mettre en relation les uns et les autres. Les organisateurs y trouvent ainsi des gens motivés et prêts à s’investir, et les bénévoles des offres de stage. Mais certaines annonces peuvent surprendre, notamment lorsque des festivals recherchent une centaine, voire davantage, de bénévoles…

Profession Spectacle

 

 

benevol

Une bénévole au festival « la rue des Artistes » de Saint-Chamond

Chaque année, c’est par ces mots que Moustapha Kerroua, directeur artistique du festival « La rue des Artistes » à Saint-Chamond, dans la Loire, accueille les bénévoles qui vont contribuer au déroulement de cette manifestation. Ceux qui y participent depuis l’origine – voilà treize ans – connaissent cette phrase par cœur – et visiblement, ce principe leur plait.

Pour assurer la bonne marche de ces trois jours de fête, ils sont 70, âgés de 18 à 75 ans, tous motivés pour que ce festival continue d’exister et reste gratuit. Des courses au marché à la préparation des petits plats en passant par l’accueil du public, c’est sur eux que repose la mécanique. « Les artistes qui passent chez nous sont à chaque fois ravis et surpris. Ils n’ont jamais vus ça », affirme Moustapha Kerroua.

Des bénévoles, on en trouve en effet à tous les postes, sauf aux plus « pointus » : « Pour le son ou la lumière, on fait appel à des professionnels… » Ils constituent des maillons indispensables pour les créateurs et les animateurs. Ceux-ci en sont bien conscients et les « chouchoutent » : ainsi, chaque année, un cadeau leur est-il offert, que ce soit un livre en édition limité des meilleurs photos du festival, ou la venue d’un caricaturiste pour croquer chaque bénévole. Par ailleurs, ils sont suffisamment nombreux pour ne pas passer le festival à courir sans arrêt à droite et à gauche. De nombreuses pauses sont aménagées pour leur permettre de profiter de la fête et du spectacle. Cette équipe solide n’est pas choisie n’importe comment. Chaque bénévole passe un entretien avant d’être sélectionné. Et les règles sont strictes: « Ils ne sont pas là pour boire de la bière gratuitement en regardant le spectacle. Si c’est le cas ils rendent leur t-shirt du festival ». Tous jouent le jeu et sont pleinement acteurs de la manifestation, dans sa préparation comme sur le terrain. Ils sont informés de la programmation, des cartes de visite leur sont attribuées et ils découvrent des artistes intéressants.

Les bénévoles, pierres angulaires des festivals ? Sébastian Lazennec tempère cette vision idyllique. Comédien, metteur en scène et directeur artistique à Utopium production au Mans, il tourne en France depuis des années, seul ou avec sa troupe. Certes, il confirme que les bénévoles sont un atout précieux pour les artistes, « Souvent des passionnés, aux petits soins avec nous ». Mais attention de ne pas en abuser.

« Dans une structure, il ne faut pas seulement des bénévoles. Ce ne sont pas des salariés, et en cas de problème, ils ne sont pas responsables… » Il est donc délicat, pour les organisateurs, de leur confier des taches difficiles habituellement dévolues à des professionnels du spectacle (son, lumière, gestion des contrats…). Par ailleurs, cette main d’œuvre gratuite ne doit pas non plus être surexploitée. « Certains festivals, employant des salariés, comp- tent cependant trop sur les bénévoles pour les faire tourner. C’est parfois dérangeant.»

Cette recherche du moindre coût finit par donner raison à ceux qui veulent diminuer les subventions allouées aux festivals : « Si les structures tournent très bien sans argent, pourquoi en débloquer ? » Au moment où le financement de la culture est menacé par la réforme territoriale, qui risque de se traduire par une réduction sensible des budgets, c’est un argument qui risque de peser.