Violoniste virtuose, Frédéric Moreau participe en moyenne à une centaine de concerts par an. Il a créé les « Violons de France » et « l’Orchestre Philharmonique d’Ile-de-France » et dirige ces deux formations. Depuis quelques temps, il se consacre à son métier de violoniste.

Depuis combien de temps êtes-vous soliste et intermittent ?

J’ai été soliste très jeune mais je n’étais pas intermittent. J’ai accédé au statut il y a une dizaine d’années.

Est-ce-que le statut d’intermittent vous a permis de pratiquer votre métier ?

A une époque, les cachets étaient suffisants. Aujourd’hui, nous ne travaillons plus dans les mêmes conditions. De plus, notre métier implique énormément de travail personnel qu’il est impossible d’évaluer et par conséquent, c’est un temps de travail qui n’est pas rémunéré. En effet, il ne faut pas imaginer les intermittents comme des assistés qui se tournent les pouces mais c’est rarement le cas.

Le système de répartition vous parait-il juste ?

Il me semble honnête. Les mois où je travaille beaucoup, je ne touche rien. Il y aurait certainement des choses à améliorer comme l’accès discutable de certains à ce statut.

L’univers culturel français a-t-il besoin de ce statut pour exister ?

Oui. Si le système des intermittents disparaissait, la production indépendante cesserait d’exister et nos meilleurs artistes trouveraient refuge à l’étranger où les salaires sont bien plus attractifs (Allemagne, USA…).

Il faudrait aussi faire attention aux rémunérations du Star System qui obligent une surenchère de subventions, perdant tout rapport avec les réalités économiques.

Avec mes producteurs, nous parvenons à vivre sans aides et avec des rémunérations correctes et raisonnables.

 Qu’est-ce que vous conseillez aux jeunes qui débutent ?

De ne pas se laisser avoir par la médiatisation et la soi-disant facilité. Les succès faciles ne sont pas la réalité et trouver sa place nécessite beaucoup de travail.

 Vos vœux pour 2014 ?

Je souhaiterais que l’enseignement soit revalorisé et respecté et que notre système d’éducation artistique ne soit pas un simple produit de consommation comme on peut le constater fréquemment. J’ai l’occasion de beaucoup voyager et le niveau ailleurs est parfois édifiant.