Poète, romancier et dramaturge, Henri le Bal est l’auteur d’une vingtaine d’ouvrages. Sa dernière pièce « La Crypte ou la mort de Joseph » vient d’être jouée à Paris dans la crypte de l’église Saint-Sulpice.

Œil vif et pénétrant, timbre incisif et éternelle canne de druide à la main, Henri Le Bal sort de la pénombre de la crypte de l’église Saint-Sulpice pour s’avancer face au public. Dans ce lieu mystérieux propice aux incantations bibliques, l’auteur joue sa dernière pièce, la Crypte ou la mort de Joseph, aux côtés de ses deux complices Marc Di Napoli (Joseph) et Yves Philippe (le sacristain). En surface, l’histoire parait simple et limpide. Une église menace de s’effondrer. Un ouvrier est chargé d’inspecter les piliers de la crypte qui soutiennent l’édifice. Dans ce modeste royaume souterrain et inconnu de tous, vit un drôle de personnage (Henri Le Bal) qui habite dans une barque. Autrefois un fleuve passait sous l’église. Sous terre dans la crypte, les pistes du tangible se brouillent pour laisser sa place au divin. L’œuvre d’Henri Le Bal s’intéresse aux interstices de la Bible, cette part non écrite entre deux versets qui invite aux questionnements métaphysiques. Elle met principalement en scène des personnages de la Bible, avec lesquels il interroge par le verbe cette beauté qui sauvera le monde. « Je travaille sur la Semaine sainte depuis une trentaine d’années. Petit à petit, chaque personnage lié à cette histoire sainte devient un roman, un recueil de poésie, une pièce de théâtre ou un oratorio » explique-t-il. Diplômé de philosophie et de théologie, Henry Le Bal a publié sa première pièce de théâtre en 1988. Depuis 2006, il a volontairement pris la décision d’écrire simultanément une version dramatique de chacun de ses romans. « Au début, j’étais écrivain et je me contentais comme bonheur d’avoir le texte publié de ma pièce. Aujourd’hui, j’ai appris qu’un texte qui n’est pas joué, n’est pas un texte de théâtre » souligne le dramaturge.

Compagnie du Parvis

Auteur et aujourd’hui comédien, Henry Le Bal ne revendique pas pour lui tout seul le délicat et parfois douloureux statut de metteur en scène. « C’est un travail qui se fait en commun. Il n’y a pas quelqu’un qui est assis dans un fauteuil et un autre sur la scène » souligne Marco Di Napoli, avec lequel il a créé la compagnie Le Parvis. Au fil des quatre précédentes créations, Henry Le Bal a compris que le théâtre révèle sans nul doute quelque chose de lui que le romancier n’avait pas. « Avec Marco quand je travaille sur un rôle, j’en viens même à me demander, qu’est-ce que l’auteur a voulu dire ? » rappelle-t-il avec humour. Comme au temps du théâtre d’Anouilh, la troupe du Parvis s’est constituée avec son auteur et a, à son tour, patiemment constitué son public. « Découvrir que des gens nous suivent de spectacles en spectacles, quelle aventure ! Cette oralité de la chose écrite, elle se joue sur scène. Je n’écris pas, je rature ce qui est déjà écrit et je l’écris uniquement pour pouvoir le dire » s’enthousiasme Henry Le Bal. La Crypte ou la mort de Joseph est une pièce envoutante, sublime et profonde. Elle aura pour suite l’année prochaine à la même époque et dans ce même lieu exceptionnel de l’église Saint-Sulpice, l’évocation de la vie de Marie-Madeleine. Un voyage spirituel dans les entrailles sacrées de la capitale qu’il ne faudra manquer sous aucun prétexte.