C’est un artiste dont la passion n’est pas son métier. À 56 ans, Jean-Louis Cadoré est responsable de la vie scolaire dans un lycée agricole à Miramas (Bouches-du-Rhône) mais qui sort son deuxième album baptisé Patchwork. Il confie à Profession Spectacle sa méthode pour arriver à réaliser ses rêves.

jlcadoreIl a mis le temps avant de se lancer. Quarante ans que Jean-Louis Cadoré écrit, compose et chante. Mais ce n’est que depuis 2010 qu’il s’enregistre. Après « La solitude au fond des golfs clairs », son premier opus, il enchaîne en 2014 avec Patchwork. Quinze chansons où se mêlent ses humeurs, ses rencontres, ses rêves. Son style ? La chanson française à texte (« même si cela ne veut pas dire grand chose » plaisante-t-il) dans la lignée des Brel, Brassens, Le Forestier, « et de moins connus, comme Jacques Bertin ou Henri Tachan ». Signe particulier de ce chanteur-poète : il n’est pas intermittent, mais responsable de la vie scolaire dans un lycée. « Je distingue travailler et faire des chansons. C’est seulement ma passion ». C’est avec l’idée d’aller au bout d’un projet qu’il s’est décidé à enregistrer des disques. Si pour le premier, il a fait appel à la générosité de son public en lançant une souscription, cette fois-ci, tout est sorti de sa poche, où plutôt de celle de sa banque qui lui prête 3 000 euros. Une somme qui couvre l’enregistrement et la production de l’album en 500 exemplaires. Pour rentrer dans ses frais, il le vend, forcément, mais pas question de passer par un distributeur comme la Fnac. « Ça ne sert à rien. Ils prennent la moitié du prix de la vente. Et si au bout d’un mois ça ne part pas, ils le retirent des bacs ». 

Partager ses projets 

Il préfère passer par son propre réseau. Les envoyer à ceux qui en font la demande, à ceux qui assistent à ses concerts, et à tous ceux qui le connaissent, et ils sont nombreux au bout de quarante années de chansons. C’est d’ailleurs son secret de fabrication : « Je ne reste pas dans mon coin. Je vais sur l’écume et je prends la vague », s’amuse-t-il. « En s’ouvrant aux autres, en mettant son égo de côté, on fait des rencontres. On peut tout faire dans son coin, des projets artistiques formidables, mais il faut savoir à un moment les faire partager. Donner pour recevoir. » Et c’est en partageant, que les opportunités se sont présentées. Le premier album est né de cette manière, après une rencontre avec des musiciens. Le dernier, c’est en retrouvant un ami d’enfance qu’il a pu le réaliser.

jlcadore2Mais pour Jean-Louis Cadoré, ces disques ne sont pas une fin en soi. Le chanteur veut désormais se mettre en danger, découvrir et se laisser découvrir par un nouveau public. Avec l’aide d’un tourneur, il va parcourir le Sud et le Sud Ouest cet été, « de Valence à Bordeaux ». Il propose trois types de spectacles : « Une prestation de troubadour, avec mes chansons et mes poèmes, des reprises d’autres artistes pour les comités d’entreprise, et un spectacle de cabaret, plus jazz ». Un bon moyen de « faire vivre (ses) chansons » et de rentrer dans ses frais… avant de passer à autre chose. Les premières rimes du prochain album sont déjà couchées sur le papier, mais pas seulement. Il y a le « coup de coeur ». Ce n’est pas le sien, mais celui d’un grand éditeur, l’Harmattan. La maison offre chaque année à un artiste la possibilité de publier ses textes et ses poèmes « Et ça m’est tombé dessus », savoure le chanteur.

Touchée par ses rimes et son parcours, la maison d’édition lui offre 300 pages de liberté. Preuve une nouvelle fois, pour lui que « la vie vous rend ce que vous lui donnez ».