Si « Profession Spectacle » n’a pas vocation à évoquer l’actualité générale, autre que celle qui affecte la vie culturelle et plus singulièrement tout ce qui touche la spectacle vivant et l’audiovisuel, on ne peut rester sans réaction devant les effets des assauts obsurantistes contre les vestiges de la civilisation babylonnienne et la perspective de plastiquage des colonnes de Palmyre. Aux massacres sanglants et aveugles succède la volonté d’éradication de tout ce qui témoigne d’une culture antérieure à l’Islam, trésor de l’humanité.

Les instruments de musique sont jetés par centaines dans de gigantesques brasiers rappelant ceux de Nuremberg dirigés contre la « mauvaise » littérature. Tous ces régimes totalitaires s’en prennent à la Culture qu’ils jugent décadente, blasphématoire ou contre-révolutionnaire. Ainsi, ne devrions nous pas être trop fiers de notre propre pays des exploits de nos sans culottes obéissant au comité de salut public, qui non seulement dégradèrent définitivement nombre de monuments sacrés, mais brulèrent et détruisirent tous les clavecins jugés représentatifs de la culture aristocratique, et s’en prirent généralement à toutes les formes d’expression de la musique baroque.

Nous pouvons observer que, quand le radicalisme le plus obtus s’empare du pouvoir, il s’en prend prioritairement, après avoir composé son cortège de cadavres, à la Culture et à toutes les formes d’expression artistique qui témoignent de l’existence d’une civilisation, c’est-à-dire de l’âme d’un peuple. C’est donc un combat contre l’âme que mènent ceux qui n’ont que la violence et la force comme raison d’être et qu’ils confondent curieusement avec la notion de foi.

Mais chacun sait que l’âme est immortelle et que passée la terreur elle revient encore plus pure et vigoureuse.