Initiateur de Profession Spectacle, Michel Chantegrel s’exprime, à l’occasion des 4 ans du journal, sur les motivations profondes qui l’on conduit à lancer le journal. Intermittent de formation, il n’a de cesse de vouloir mettre en place des outils au service des intermittents. Entretien.

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Pourquoi avez-vous créé Profession Spectacle ?

Parce qu’il y avait un besoin, tout simplement. Depuis la disparition d’Infos Spectacle, il n’y avait plus de titre de presse professionnelle qui soit un outil de réflexion et un miroir d’expériences sur les métiers du spectacle.

Profession Spectacle a-t-il une ligne politique ?

Au sens politicien droite/gauche, non. Au sens grec de la politique – c’est-à-dire la vie de la Cité et le bien commun – oui ! L’idée est que le monde du spectacle est une cité au service de la Cité, la culture est à la fois l’expression de la communauté politique qu’est la France et le poumon qui la fait respirer. Parce qu’un pays, c’est d’abord une culture qui se décline en cultures.

Cela va donc au-delà de la « défense » des intermittents…

Oui. Nous voulons bien sûr promouvoir la justice sociale, mais aussi ce que l’on pourrait appeler une écologie de l’homme dans son environnement professionnel et social. C’est une vision globale. A mon avis, les métiers du spectacle ne peuvent se réduire à un « statut », aussi légitime soit-il. Je crois qu’il faut trouver un équilibre entre ce que nous devons attendre de l’État – qui va se réduire comme peau de chagrin – et ce que nous pouvons attendre de nous-mêmes, à savoir une capacité à inventer notre propre économie sociale et solidaire. Si l’État est le moteur principal de la culture, la culture risque de devenir une « culture unique totalisante ». A contrario, si la culture est livrée aux intérêts des marchands, elle abdique sa liberté. Ne subsiste alors qu’une culture au service des marchands. D’où l’urgence d’une réflexion globale des acteurs du spectacle. Je réfléchis à des états généraux et/ou à la constitution d’une structure syndicale qui regroupe salariés et employeurs.

Le journal est-il amené à évoluer ?

Oui, précisément parce qu’il doit trouver un modèle économique pérenne. Nous avons misé sur l’hyper-accessibilité, avec la quasi gratuité. Nous diffusons aujourd’hui à 14 000 exemplaires, dont 10 000 abonnements. Je pense qu’il est désormais nécessaire de solliciter davantage le portefeuille des lecteurs, mais dans une mesure très raisonnable, à la portée de tous. Nous réfléchissons donc à un nouveau modèle qui, tout en maintenant le fond, évoluera sur la forme (prix, périodicité, modes de diffusion, etc.).

Propos recueillis par Guillaume PLISTIN