Une formation de disc-jockey sur mesure, un studio d’enregistrement et un label de distribution : voilà ce que David Renan alias DJ Eanov met à disposition dans son école de la banlieue parisienne. 

DJ, ça c’est un job qui a une image cool! Sélectionner et diffuser de la musique lors d’une soirée ou en boîte devant un public qui révère l’homme aux manettes du son comme le demi-dieu qui les met en transe, cela fait rêver du monde. Et pas que des ados fans de bruits électroniques et de basses amplifiées.

Retour à la réalité : « David Guetta est d’abord un chef d’entreprise, qui connait son métier qui n’est pas qu’à base de cocktails et de paillettes »  assène David Renan, 33 ans, et 13 ans de parcours dans la profession. La « DJ Eanov School », installée sur un étage de bureaux à Epinay-sur- Seine, doit sa dénomination au nom de scène de son créateur. C’est un concept qu’il a mis au point avec le désir de mettre vraiment le pied à l’étrier à ceux qui seraient tentés par ce métier. Parce qu’un disc-jockey, un platiniste si l’on abhorre les mots à consonance anglophone, aujourd’hui non seulement diffuse et mixe, mais il doit aussi savoir composer, filmer, faire des montages,  en bref se vendre. « Son travail ressemble de plus en plus à celui d’un chef d’orchestre, le DJ est le chef d’orchestre des ses produits. »  Un pro dans tous les sens du terme.

Cela voudrait-il dire que le temps du DJ, artiste autodidacte, qui se formait à force de mixer encore et encore dans les soirées, appartient à un temps révolu ? Que seuls ceux passant par une formation complète et reconnue par le milieu arriveront à se faire une place ? David Renan tempère: « Un autodidacte va apprendre en tâtonnant. L’école n’est pas obligatoire c’est vrai, mais l’école fait gagner du temps, plus on gagne de temps, plus on peut apprendre et plus on sera prêt. »

Artiste et Homme d’affaire  

Une mise au point sur la réalité du métier et une bonne volonté s’impose pour aller frapper à la porte d’une école comme la DJ Eanov School. « Une des premières choses demandées aux élèves, c’est de présenter un projet à long terme et un autre projet à court terme, pour les forcer à s’organiser. »  La condition d’entrée est effectivement la motivation et la débrouillardise, car les formations proposées sur 4, 8 ou 16 mois sont denses. Et elles ont un prix qui s’échelonne de 4.990 € à 14.980 €,  à la hauteur de la qualité du matériel et de l’ambition de faire émerger des DJ de valeur.

A côté, il existe, à des prix plus facilement abordables, des stages courts de perfectionnement ou de préparation, sans oublier des cours particuliers. Les deux sessions d’élèves présentes en ce moment, l’une de 20 et l’autre de 14, sont d’origine géographique et d’âges très variés. Ils viennent pour bosser : de la base même du métier, la MAO (musique assistée par ordinateur) jusqu’à la  théorie du mix et sa pratique, de la programmation musicale à la configuration du matériel, autant dire qu’ils ne chôment pas. « Ils font 200 heures de travaux pratiques »,  explique David Renan. L’apprentissage peut alors ici donner toute sa mesure et l’on se perfectionne petit à petit en travaillant, en faisant sortir le talent que l’on a en soi. Car, comme le directeur de l’école le souligne, « chaque morceau que l’on compose ne devient pas un tube et il y a plusieurs niveaux de réussite, même quand on a bossé ».  David Renan, avec sa triple casquette de DJ, de patron de label et de directeur d’école, se considère comme mi-artiste mi-homme d’affaires : « Je reste un artiste; pour moi cela veut dire créer quelque chose avec ce que l’on a appris. »

Car une particularité de DJ Eanov, c’est son label mis à la disposition des élèves et des anciens élèves. Les débuts dans la profession, notamment la mise sur le circuit, l’équipe de chanteurs, l’enregistrement, la déclaration à la Sacem et la distribution des enregistrements réalisés, sont générés par l’école. Peu de DJ oseraient refuser une pareille aide. Cela forge aussi une identité et un réseau, ce n’est pas étonnant que les trois-quarts des anciens élèves soient toujours en contact avec leur école. Mais DJ Eanov voit déjà plus loin que son école/label, « A partir de ce que j’ai déjà fait, mon rêve ce serait de monter un pôle musical. »