Madeleine Louarn ,
Présidente du SYNDEAC

Présidente du SYNDEAC (Syndicat National des Entreprises Artistiques et Culturelles) Madeleine Louarn dresse un bilan mitigé de l’action d’Aurélie Filippetti au ministère de la Culture et évoque les grands enjeux des trois prochaines années.

Qu’attendez-vous du gouvernement concernant l’accord du 22 mars ? 

Il n’est pas acceptable en l’état et nous attendons que le gouvernement ne l’agrée pas. Aurélie Filippetti a pris une position courageuse sur la question du différé d’indemnisation mais il faut reprendre la négociation sur la base d’une réforme globale, juste et pérenne du système d’indemnisation des intermittents. Nous travaillons depuis 10 ans sur le sujet dans le cadre du Comité de suivi, nous avons publié un rapport complet, rédigé par Olivier Pilmis et Mathieu Grégoire, mais il n’a pas été étudié par le gouvernement et les partenaires sociaux. Ce n’est pas acceptable.

mlouarnQuelles sont les grands enjeux à moyen terme pour le secteur culturel ? 

Je crois que la profession se trouve face à des conjonctures inédites. La modernisation de l’action publique et la décentralisation vont changer le paysage. Nous souhaiterions un nouvel élan pour la décentralisation culturelle mais je crains que le processus actuel ne mène vers davantage de concentration vers les grandes métropoles. Or, la culture se déploie de manière remarquable sur l’ensemble des territoires, pas seulement en milieu urbain. Par ailleurs, la réduction du financement des collectivités est extrêmement préoccupante.

Pensez-vous que les budgets culturels soient en danger ? 

Oui, je suis inquiète. La perspective du plan triennal est catastrophique. Nous allons vers une réduction drastique des financements – peut-être jusqu’à 20 % – au moment où tous les indicateurs sont en alerte, notamment concernant l’emploi. De nombreuses entreprises du spectacle sont fragilisées et il faut s’attendre à des plans sociaux.

Pensez-vous qu’Aurélie Filippetti défende les financements ? 

Je crois qu’elle se bat et je l’encourage, mais je constate qu’elle est la première ministre de la Culture à voir son budget diminuer. Il faudrait au minimum qu’elle obtienne de préserver les budgets. Je ne sais pas ce que donnera ce nouveau gouvernement Valls à cet égard, mais j’espère qu’il ne coupera pas les moyens nécessaires à la vitalité du spectacle. Les économies pourraient in fine coûter cher, avec davantage de chômage et des offres moins attractives. Et il ne faut pas oublier que l’économie du spectacle a de l’impact sur d’autres secteurs.

Craignez-vous particulièrement pour le secteur du spectacle vivant ? 

Aurélie Filippetti est bien disposée à l’égard du spectacle vivant et nous avons toujours été proches de ses points de vue sur le développement culturel. Mais la situation est très tendue en France au plan des finances publiques. Si la ministre n’obtient pas un engagement du Président de la République pour la Culture, ce sera compliqué. Il faut redonner toute sa place à la Culture dans le débat public. Elle a une importance symbolique et économique capitale pour notre pays. Il lui faut un grand dessein.

Propos recueillis