Nous l’avions rencontré pour l’ouverture de son théâtre en bois à Villevêque dans le Maine-et-Loire (Voir Profession Spectacle n°20). Une salle de spectacle construite de ses mains, entièrement démontable et destinée à accueillir des artistes qui n’ont pas forcément de place ailleurs.

Entretien avec Dominique Rambaud, fondateur du théâtre en bois, un artiste qui a fait le choix d’abandonner son statut d’intermittent pour aller au bout de son projet.

Pourquoi avoir abandonné le statut d’intermittent ?

Dominique Rambaud : « Je n’ai plus le statut depuis 2008. Ce fut à la fois une contrainte, mais aussi un choix. A l’époque, j’étais face à un dilemme : garder mon statut, continuer à jouer tout en construisant mon théâtre ou bien me consacrer à mon rêve en mettant toutes les chances de mon côté. Décision prise, j’ai opté de vivre du RMI pendant quelques temps, mais aujourd’hui j’ai gagné mon pari. Mon théâtre est installé au cœur du tout nouveau quartier des Hauts-de-Saint-Aubin à Angers.

 »

Quel est votre bilan pour l’année 2013 ?

D. R. : « Une année riche en émotions. Alors que nous avions été accueillis à Villevêque puis Montreuil Juigné, l’association de ce quartier est venue nous chercher pour nous proposer ce que nous n’osions même pas imaginer : une installation pour six mois. Ils ont acheté la prestation, les spectacles et nous travaillons main dans la main pour organiser des soirées débats et du ciné-club. Une aubaine pour moi car cela me permet enfin de vivre de mon travail. »

L’envie est-elle toujours là ?

D.R. : « Évidemment, cette aventure use, fatigue et les raisons de baisser les bras sont nombreuses, mais il n’y a pas trop de questions à se poser. Si je n’avais pas eu la foi comme on dit, j’aurais abandonné. »

Quid de votre statut d’intermittent ? :

D.R. : « Le récupérer, ce n’est pas une fin en soit. D’autant qu’il est aujourd’hui de plus en plus difficile de l’obtenir. Quand on voit qu’il faut justifier ses heures sur 10 mois et non plus un an, on se dit que cela doit écrémer énormément. Aujourd’hui, je commence à récolter les fruits de mon travail et j’en suis fier. Je permets aussi à des troupes d’exercer leur art et à des comédiens de conserver leur statut.»

Qu’est-ce que vous attendez de cette année 2014 ?

D.R : « On a notre contrat jusqu’en avril, mais après on a toutes les peines du monde à trouver de nouvelles communes pour nous accueillir. En attendant les élections municipales, les budgets sont gelés. Même si ce n’est pas mon cas, mais j’espère que cette nouvelle année sera moins dure que celle qui vient de s’écouler. J’ai vu les galères vécues par certains pour trouver des lieux et vendre leur spectacle. »

Qu’attendez-vous des pouvoirs publics en ce qui concerne le statut ?

D.R. : « Le statut pourrait être différent et les disparités entre les artistes pourraient être nivelées avec la création d’un revenu minimum raisonnable pour tout le monde. Qui fait le boulot ? C’est Francis Uster qui va à la rencontre des enfants, du public ? Non, c’est nous, les petits artistes, les petites troupes qui faisons le boulot. D’autant que les salles subventionnées ne sont plus libres de leur programmation, les directeurs doivent rendre des comptes et c’est ainsi qu’ils privilégient le remplissage à la diversité. C’est d’ailleurs ce qui m’a poussé à créer mon propre théâtre. » Désormais, il a une autre idée en tête : « Proposer des séries, c’est-à-dire offrir la possibilité à un spectacle de se produire sur plusieurs jours ou semaines. Car nous avons remarqué qu’il n’y a pas plus ou moins de monde à la 1ère qu’à la 11e. »

Propos recueillis