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Phillip Addis et Karen Vourc’h dans Pelléas et Mélisande

C’est l’histoire d’une grève qui n’en est pas une pour une revendication imprécise. Les 19 et 20 mai dernier, les personnels du Théâtre national de Chaillot se sont mis en grève à l’occasion du spectacle Orphée créé par José Montalvo et Dominique Hervieu. Les revendications des grévistes ? Rien de précis, si ce n’est l’expression d’un vrai malaise des salariés. Le manque de reconnaissance, l’absence de promotions en interne, mais aussi les rythmes de travail reviennent régulièrement. Certains parlent même de « harcèlement moral » et mettent en cause la gestion des « ressources humaines ». Bien sûr, d’autres circonstances doivent être évoquées, comme le prochain départ de Dominique Hervieu, co-directrice du Théâtre National de Chaillot.

Mais le cas de Chaillot n’est pas l’unique. À l’Opéra Comique, autre institution, la première de la nouvelle présentation de Pelléas et Mélisande a été retardée de trente minutes. Il s’agissait d’alerter les autorités de tutelle sur le problème des moyens, surtout des moyens humains. D’autres mouvements sont prévisibles dans des institutions aussi prestigieuses. On pourra toujours prétendre que les salariés de Chaillot ou de Favart sont tout de même des privilégiés, qu’ils ont les moyens de se défendre, et surtout que la grève est un luxe que ne peuvent pas se permettre ceux qui ne bénéficient ni d’un statut, ni de l’argent de l’Etat. C’est vrai, du moins en grande partie.

Et puis il y a la question financière, même si nous n’en sommes pas à la situation italienne avec la réduction de 75 % des subventions aux salles lyriques décidée par le gouvernement Berlusconi.

Pourtant, ce qu’ils nous disent vaut pour tous les professionnels du spectacles. Ils nous disent qu’il n’y a pas d’un côté les « vrais » artistes, ceux qui se mettent en danger sur le plateau, et de l’autre les techniciens qui travaillent dans l’ombre des coulisses. Ils nous disent que, du régisseur à l’éclairagiste qui doivent s’imprégner du rythme d’un spectacle, de la costumière au décorateur, à leur manière, tous sont des artistes et non pas de banals exécutants. Un machiniste n’est pas une machine.