En 2003, une réforme de l’assurance chômage pour les intermittents du spectacle est mise en place. Argument avancé : répondre à un déficit et faire des économies. Or, pour le CIP (la Coordination des Intermittents et Précaires) ce déficit est un prétexte et n’existe pas. Dix en plus tard, une nouvelle réforme s’annonce et avec elle, son lot de débats et autres déclarations dans les médias. Une nouvelle bataille s’amorce entre ceux qui s’estiment dans leurs bons droits et les pouvoirs publics qui parlent économies. Déjà, la riposte du CIP se prépare d’autant que les socialistes avaient signé (avant les élections) leur plateforme de propositions. Raison de plus pour la coordination d’exiger des réponses de la part des ministres de la Culture et du Travail.

Samuel Churin est comédien et fait partie de ces professionnels du spectacle qui travaillent beaucoup. Il connaît une certaine notoriété, ses revenus sont confortables mais il n’empêche qu’il a pris à bras le corps cette cause des intermittents. Car pour lui, cela ne fait aucun doute, le système actuel précarise davantage les précaires et favorise les plus aisés. “De fait, au travers nos actions, nous comptons bien mettre à bas l’idée reçue que les intermittents du spectacle sont plus favorisés en matière d’assurance chômage que les autres catégories professionnelles ». Ainsi les professionnels du spectacle seraient plus de la moitié à ne pas être indemnisés au même titre que les autres chômeurs.

Devenir force de proposition

Le statut des intermittents voit le jour pendant une période de plein emploi alors qu’il faut répondre à des pratiques spécifiques liées au travail des techniciens du cinéma. Par la suite, ce régime s’étend aux autres salariés des métiers du spectacle. Depuis ce régime d’assurance chômage a beaucoup évolué. « D’ailleurs notre lutte n’est pas corporatiste et peut s’étendre à d’autres professions comme les pigistes et autres métiers précaires. Dès 2003, nous avons voulu être une force de proposition. Nous nous sommes inscrits au sein d’un comité de suivi à l’Assemblée nationale ». Depuis, le CIP a listé un grand nombre de propositions qui seront soumises aux partenaires au moment venu.

Par ailleurs, le comédien vient d’achever une troisième vidéo intitulée Ripostes qu’il diffuse sur internet et dans laquelle il démonte de façon méthodique les arguments largement entendus et repris dans les médias. Grâce à ces films qui rencontrent un beau succès, le CIP espère jouer de son influence dans les négociations à venir. Rendez-vous est pris à la fin de l’année 2013.

Un système destructeur

L’une des principales revendications du CIP est de revenir à un système mutualiste. Il s’agit d’abandonner le principe actuel qui tend à devenir un système assurantiel. Pour Samuel Churin, toutes les réformes du service public vont dans ce sens et les usagers sont considérés comme des clients : « Or, nous pensons que raisonner ainsi est destructeur pour notre système ». Expliquant par ailleurs, que le modèle actuel de prise en charge des intermittents favoriserait ceux qui gagnent beaucoup tandis qu’il précariserait les plus faibles. Aussi le CIP propose l’instauration de l’ouverture des droits à date anniversaire qui correspondrait en fait à la date d’admission à l’assurance chômage. La date anniversaire semble pour la coordination, le fondement d’un système mutualiste juste. Ainsi ceux qui travaillent beaucoup et gagnent beaucoup seraient moins indemnisés. Dans le cas d’une date anniversaire, les mois non indemnisés ne sont pas versés de sorte que la franchise est un garde fou et évite que les très hauts revenus ne touchent des indemnités. On l’aura compris, les propositions sont nombreuses et les négociations risquent d’être difficiles. Pour autant, Samuel Churin reste optimiste, conforté par ses propositions sur l’assurance chômage qui, selon lui, ne sont pas plus coûteuses mais plus juste.

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