mélenchonQuel devrait être le rôle de l’État en matière culturelle ?

Aujourd’hui, tout se passe comme si la logique de compétition et de concurrence avait infiltré l’ensemble des comportements, ceux des financeurs, ceux des professionnels et des opérateurs, et même ceux des artistes, dont le repli sur soi et l’esprit de compétition devient un mode de survie, dont ils sont les premières victimes. Il y a urgence à repenser le cadre institutionnel de l’intervention publique en matière culturelle.

Que pensez-vous du statut actuel des intermittents du spectacle, quels éventuels aménagements voudriez-vous introduire ?

Nous allons proposer aux partenaires sociaux, et pas seulement à ceux dirigeant l’Unédic, de réunir des Etats généraux afin de définir – enfin – un véritable statut de l’artiste. Il faut que cesse cette situation qui consiste à rémunérer comme chômeur quelqu’un qu’on sait parfaitement en posture de travailleur. Résister, c’est créer, et créer, c’est travailler. En s’inspirant du fonctionnement du CNRS, pourquoi ne pas permettre la création d’emplois d’artistes permanents, sous l’égide d’un « Centre national de la recherche artistique », qui bénéficierait de financements croisés à partir d’une nouvelle affectation vers le budget du Ministère de ce que certains nomment le déficit des annexes 8 et 10, « le » milliard d’euros. Concernant les techniciens de l’audiovisuel, nous créerons les conditions d’une abolition du précariat dans ce secteur qui en abuse. Quant aux techniciens du spectacle vivant, nous devrons imaginer ensemble la création de coopérative d’employeurs afin qu’ils puissent bénéficier, comme les artistes chercheurs, d’une stabilité de l’emploi tendant à la permanence.

Que pensez-vous de la lettre ouverte au ministre de la Culture, et que répondriez-vous ?

Elle pose les bonnes questions. Elle est l’écho de la déception de toute la profession après la nomination de ce ministre, que beaucoup s’accordaient à trouver plutôt sympathique avant son ralliement à la cause sarkozyste. Et cette déception n’a d’égale que la détresse des fonctionnaires du Ministère, tenus de mettre en œuvre cette grosse sottise qu’est la RGPP (révision générale des politiques publiques), dont ils sont souvent les premières victimes.

En dehors des financements directs, proposeriez-vous d’autres modes de soutien au développement culturel ?

Nous ne nous contenterons pas de sanctuariser le budget de notre « Ministère pour l’art et la culture ». Il ne s’appréciera plus en pourcentage du seul budget de l’Etat, et nous ferons passer en une mandature l’ensemble des financements mis en œuvre, collectivités territoriales incluses, à 1% du PIB, soit environ un doublement en 5 ans. Le chantier de reconstruction est immense. Le chantier de reconstruction est immense.