Exemple d’un contexte à risque

La répétition générale qui a enfin permis de travailler dans le lieu du spectacle se termine. Malgré l’enthousiasme de l’équipe, l’ambiance est tendue car d’importants ajustements ont été nécessaires pour organiser les déplacements des comédiens dans ce nouvel espace. Deux comédiens discutent vivement de leur prestation, et vu l’heure tardive, ils commencent à déplacer certains éléments du décor lorsque le metteur en scène les interpelle. Un comédien lâche l’objet ce qui charge brutalement son collègue qui ressent une douleur vive dans le dos. Il a l’impression de ne plus pouvoir bouger et d’avoir la respiration bloquée. A chaque mouvement, une douleur aigüe lui transperce le dos. L’inquiétude est maximale car la première est le lendemain. Cette situation est caractéristique d’un contexte favorable à l’apparition d’un lumbago. En effet, le nouvel espace de travail et la mise en place du décor induisent des mouvements répétés du dos sur des muscles hypertendus par le stress alors que la vigilance est diminuée par la fatigue.

Les pathologies du disque intervertébral

Le dos est constitué de 24 vertèbres alignées réparties en trois niveaux : lombaire (bas du dos), thoracique (présence des côtes) et cervical (soutien de la tête). Entre chaque vertèbre, un coussin participe à la mobilité du dos et permet d’amortir les chocs et de supporter les contraintes : c’est le disque intervertébral. Il est constitué d’un anneau et d’un noyau central. Lorsque certains mouvements sont mal effectués, le noyau est chassé de sa position naturelle et appuie sur l’anneau, ce qui endommage progressivement sa structure.

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Trois stades pathologiques doivent être identifiés:

  1. le lumbago: blocage musculaire dû à l’irritation d’un nerf;
  2. la sciatique: le déplacement du noyau provoque une irritation du nerf sciatique; et
  3. la hernie discale: le déplacement du noyau est tellement important qu’il vient comprimer la moelle. Dans les arts du spectacle, la répétition des gestes, les mauvaises postures et les facteurs environnementaux (sol glissant, espaces petits, urgence de la mise en place,…) sont principalement à l’origine de ce phénomène pathologique.

Prévention – Ergonomie

La prévention est le moyen le plus efficace pour que le disque intervertébral continue à exercer ces fonctions protectrices du dos et ne soit pas lésé.

Le premier axe de prévention est orienté sur le respect de la législation dans le cadre du travail. Le poids maximal des charges est fixé pour les femmes à 25 kilos, et pour les hommes à 55 kilos, alors que la charge considérée comme acceptable est de 15 kilos. Il est donc préférable de porter les objets lourds à plusieurs ou de multiplier les déplacements pour alléger la charge.

Le deuxième axe de prévention est lié à l’environnement de travail où l’attention sera portée sur la qualité des sols, les chaussures, les costumes et sur le temps accordé à la mise en place. Il faut éviter les costumes qui entravent la mobilité du bassin car ils provoquent une augmentation des mouvements vertébraux qui sur-sollicitent le disque intervertébral. De plus, le metteur en scène doit essayer de proposer une gestuelle respectueuse du dos. Les mouvements brusques et répétés doivent être limités au maximum.

Le troisième axe concerne la condition des muscles et l’ergonomie. Pour diminuer les contraintes sur le disque intervertébral et afin de mettre en place une bonne ergonomie, il est nécessaire de renforcer les muscles du dos et les muscles abdominaux pour constituer une ceinture de protection. Dans un second temps, il est intéressant de mettre en place une correction des gestes de portage intégrant une utilisation plus globale du corps.

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Toutes ces actions préventives doivent être réalisées précocement dans la vie du comédien ou du technicien pour limiter au maximum les pathologies du dos qui sont très handicapantes pour la suite de la carrière.

 

Les informations et conseils proposés s’inscrivent dans une logique de prévention. Ils ne peuvent en aucun cas se substituer à la consultation d’un médecin ou d’un professionnel de santé pour l’établissement d’un diagnostic précis et la prescription d’un traitement adapté.