Monsieur Roger Planchon fut d’abord un amateur de cinéma qui devint comédien. Élevé en Ardèche chez les bons pères et dans une famille où le français n’était pas la langue vernaculaire, il n’a jamais eu aucun diplôme. Il affirmait plus tard qu’il n’était pas sûr de réussir le certificat d’études. Pourtant à 14 ans, il reçut la croix de guerre pour faits de Résistance… ce n’était pas si commun.

Monsieur Roger Planchon fut : acteur, metteur en scène de théâtre et de cinéma, créateur et fabricant de théâtre. Pendant le dernier demi-siècle, il n’a cessé d’animer les planches, éloigné des gros et gras titres décernés dans la capitale. Il a toujours voulu faire et fabriquer un théâtre populaire sans tomber dans la facilité qui se joue sur les grands boulevards. Alors que beaucoup rêvaient de Paris, lui est resté en région, au plus près de son public. Ce fut d’ailleurs son constant combat. De la résistance, il retint qu’il faut ferrailler, toujours ferrailler, contre « les petits hommes gris de la bureaucratie » qui n’ont jamais compris que le théâtre ne se faisait pas dans la courtisanerie.

Malgré sa passion théâtrale, ses premiers et derniers engagements furent pour le cinéma. Son affection pour le grand siècle (le XVIIe) le conduisit à réaliser, Louis, l’enfant roi. « Ce qui me fascinait, c’était l’apprentissage du pouvoir — qu’est-ce que cela signifiait pour un garçon de 11 ou 12 ans ? » Évidemment son film fut plus que critiqué lors de sa sortie en salles… mais aujourd’hui, il est loué par tous. C’est ainsi ! Il aurait pu répliquer aux critiques souvent imbus d’un pouvoir qu’ils se sont attribués : « Toujours le temps jouera contre vous », à la manière de son Mazarin au futur Louis XIV…

Lui qui se définissait comme « homme de peu », l’Ardéchois, le fils du peuple, a disparu de nos scènes mais point de nos mémoires, mais point de nos cœurs !

François MARIN