sangla17Anne-Marie Sangla est monteuse, le plus souvent pour des documentaires, mais pas seulement. Véritable passionnée, elle nous donne un éclairage sur ce métier de l’audiovisuel méconnu et pourtant incontournable.

Le dernier documentaire est à peine finalisé qu’un nouveau projet l’appelle. Entre temps il aura fallu monter le teaser d’un film sur Leonard de Vinci en Imax 3D avant de filer à Metz pour monter un dossier de financement pour un 52 minutes qui sera diffusé par France 3-Nancy, et consacré à un foyer d’accueil pour ados placés pour maltraitance ou pré-délinquance… Anne-Marie Sangla ne s’ennuie pas, vu son sourire, cette situation lui plait.

Monteuse de formation, sa carrière est atypique et l’a amenée à endosser bien d’autres costumes. Après un bac éco, elle choisit Censier (Sorbonne) pour une année consacrée au cinéma, puis un DUT de communication dans lequel elle se spécialise dans le montage. Ce seront ensuite ses stages et les opportunités qui en découleront. En parallèle à son métier de monteuse, elle se lance depuis peu dans la réalisation de documentaires. Premier galop d’essai en coréalisation avec Dorothée Poivre d’Arvor, 8 épisodes de 13 minutes diffusés lors de l’émission de France 5 « Les Maternelles » et qui suivaient, en immersion, la rentrée scolaire de 6 familles. Ou encore la captation du témoignage d’une rescapée de Bergen-Belsen devant des élèves de collège avec un enjeu de taille : que l’image soit aussi forte que la rencontre directe… Le film est aujourd’hui utilisé par certains établissements pour évoquer la Shoah.

Le montage : un moment clé

Au départ, il y a le réalisateur. « Il faut former avec lui un duo. Je dois comprendre ses envies et ses demandes mais pas seulement. Il est complètement immergé dans son projet. Je dois lui apporter un œil neuf. » Il faut également que la confiance soit réciproque pour que le travail avance au mieux. La première lecture des rushes (jusqu’à 80 heures parfois pour réaliser un 52 minutes !) permet de faire ressortir une première impression. Anne-Marie note les temps forts, les temps faibles et, lors de la deuxième lecture, la toile commence à se tisser dans son esprit. « On imagine une structure narrative qui va mettre en scène ce que l’on ressent et ce que l’on veut faire passer. » Vient ensuite tout le travail de dentelle qui va permettre au documentaire de naître. Anne-Marie a toujours eu la passion du montage. « C’est le moment clé dans la réalisation d’un film. Vous pouvez avoir 50 monteurs, ils vous feront 50 films différents. C’est lui qui raconte, sans oublier le réalisateur évidemment, mais c’est lui qui assemble le tout pour donner du sens. » Ce sens de la narration, c’est le point fort d’Anne-Marie Sangla. C’est pour cela que l’on vient la chercher et qu’au fil des années, et des documentaires, elle a su se créer un réseau qui lui permet de travailler et de choisir ses films. « Je ne suis pas spécialisée en effets spéciaux, moi mon truc, c’est de raconter des histoires. Les documentaires, c’est tellement fort. Ce que je préfère c’est travailler avec de la matière réelle et non de la fiction. ».

Transmission et conseils

Cette passion est restée intacte depuis ses débuts dans les années 90. Et son expérience, elle la partage avec des élèves de 3e ou de 4e. Durant deux ou trois heures, elle les sensibilise techniquement au montage. « Les jeunes n’ont pas le recul nécessaire pour bien lire les images, ou bien les analyser. Grâce à des astuces de montage je leur montre qu’il est possible de faire dire à une personne tout et son contraire. » Ses conseils ? « Se lancer, c’est simple. Il suffit d’une caméra et d’un logiciel. Ensuite, on peut participer à des courts-métrages, monter ou faire des films pour des associations qui défendent des causes auxquelles vous adhérez. ». Mais là où elle voit le plus d’avenir c’est dans le web : « Les formats sont extrêmement variés, beaucoup moins figés qu’en télévision, moins formatés, tant sur le fond que sur la forme. Le web est un formidable espace de liberté qui permet à chacun de s’exprimer». Quelles qualités sont nécessaires pour s’épanouir dans cette profession ? « Il faut savoir s’adapter aux univers des réalisateurs, avoir une bonne mémoire et une bonne capacité d’analyse pour tirer le meilleur des rushes, être curieux et aimer découvrir sans cesse de nouveaux sujets et surtout, avoir envie de raconter des histoires… »