Pour sa première pièce en tant qu’auteur et comédienne, Elena Diego, 24 ans, a choisi de s’adresser aux enfants. Mais elle s’est rapidement rendue compte qu’avec son texte et sa mise en scène, elle pouvait toucher tout le reste de la famille. Rencontre.

PRINT Prof Spect33_PRINT .p0010.pdf.r72C’est un peu par hasard qu’Elena Diego et sa partenaire, Sarah Jamaleddin, se sont retrouvées à jouer devant des enfants. Mais le hasard fait bien les choses. Parties en résidence d’artiste au Portugal, ces deux jeunes comédiennes se sont laissées porter par leur inspiration et leurs envies. « Au départ, nous voulions explorer le thème du voyage, et la notion de ‘différence’ en abordant celui des étrangers », raconte la jeune artiste. « Et puis, en jouant avec des masques, la lumière et la scénographie, nous en sommes venues naturellement à écrire un spectacle pour enfant ». Le résultat ? Une œuvre poétique dans laquelle le jeune public suit une petite fille découvrant une boîte mystérieuse. En l’ouvrant, l’enfant libère Poisson, un personnage de mer et de terre qui, victime des moqueries des autres par sa différence, entreprend un long voyage à la recherche de ses égaux.

Pour les deux jeunes femmes, c’est une nouveauté, mais ce défi leur plait. « Ce qui est passionnant avec les enfants, c’est qu’il faut les écouter, leur répondre, dialoguer. Et cette relation nourrit la pièce. Avec les adultes, c’est totalement différent. Ils connaissent les codes du théâtre, et se mettent en retrait, même lorsqu’ils sont sollicités », confie, enthousiaste, Elena Diego. Pour autant, à la sortie, il n’y a pas que les plus jeunes qui semblent séduits. « Nous abordons des rapports humains qui résonnent aussi bien chez les enfants que leurs parents », explique l’artiste, qui échange avec son public à l’issue du spectacle. « C’est un théâtre universel. »

Et si l’alchimie opère entre les comédiennes et leur public du Théâtre Pixel, dans le 18e arrondissement de Paris, se lancer dans ce genre d’exercice n’a rien eu d’un jeu d’enfant.

« En France, c’est compliqué d’avoir un texte et une pièce inédite. Il faut convaincre, c’est plus fermé que lorsque l’on adapte un texte classique ». Forte de cette première expérience et de ce succès, les deux artistes espèrent proposer leur spectacle aux écoles françaises mais également brésiliennes, pays où elles ont des attaches. Mais pour ce qui est du prochain spectacle, rien n’est, pour le moment, décidé. Le hasard en décidera, une nouvelle fois.

Jacques GUILLOUX