theatreenbois2Dominique Rambaud a construit un théâtre entièrement démontable et itinérant. Un formidable projet, un modèle économique innovant et une belle aventure. Tout le monde y gagne : le théâtre, la commune et les artistes locaux. Profession Spectacle vous ouvre les portes (en bois) de ce théâtre pas comme les autres. 

C’est un rêve de dix ans qui a pris vie le 14 avril dernier. Le Théâtre en Bois ouvrait ses portes pour sa première. Depuis les représentations s’enchaînent. Tous les week-ends mais également en semaine. Début août, Dominique Rambaud estimait qu’elles dépassaient la soixantaine. Un succès. La scène n’est jamais vide, les artistes défilent et surtout, le public est au rendez-vous.

L’idée

Elle est née d’un constat, se rappelle Dominique Rambaud : « Pour une compagnie aujourd’hui, il est extrêmement difficile de diffuser un spectacle. Avant, les salles pouvaient prendre des risques, offrir une chance à de nouvelles pièces et spectacles. Mais maintenant, il faut rendre des comptes au niveau statistique. Il faut remplir, c’est l’objectif. C’était donc important pour nous, en en tant que compagnie, d’avoir notre propre outil de travail. » Mais, il a une autre envie qui se cache sous ces planches : celle de redonner vie à des bourgs endormis. « Je vois le changement avec les bourgs de ma jeunesse. Maintenant, les seuls lieux de rencontres d’un village, ce sont la superette et l’école. Le théâtre en bois, c’est un moyen de redynamiser et d’apporter de la culture là où il y en a peu. La diffusion se fait surtout grâce au bouche-à-oreille. Les habitants se parlent, ils échangent autour des spectacles proposés. » Avant ou après le spectacle, le théâtre offre la possibilité de prendre un verre ou de se restaurer légèrement sur place. Un moyen de se rencontrer et de prolonger le plaisir partagé. Et pour l’instant, vu la fréquentation, le pari semble réussi. « On est en moyenne à une quarantaine de personnes par représentation. On a également beaucoup de visites de curieux, qui reviennent ensuite pour assister à un spectacle. » Dominique ne se plaint pas, « avec la conjoncture actuelle et le mauvais temps de cet été, cela aurait pu être pire. » La météo extrêmement pluvieuse de cet été a au moins été utile à quelque chose : prouver que le théâtre est bien isolé.

Le théâtre

Car, comme son nom le laisse deviner, ici, tout est tout en bois, de la charpente au plancher. Avant de monter sur les planches, Dominique Rambaud les a travaillées. « Je suis menuisier de formation, voilà pourquoi l’idée d’utiliser le bois est venue naturellement. » Sa surface rectangulaire de 210 m2 permet d’accueillir 120 spectateurs sur gradins ou autour de petites tables et chaises. Entièrement isolé, il est utilisable été comme hiver. Sa conception a été volontairement simplifiée au maximum pour ne nécessiter que 3 jours de montage et 2 de démontage. Pour arriver à une telle flexibilité, Dominique a su s’entourer. Des compagnons du Devoir ont ainsi imaginé la structure et l’ont réalisée. Un chantier hors norme dans lequel près de 25 autres compagnons ont mis la main à la pâte, sans oublier des amis artistes et des voisins. Il fallait un lieu pour tailler, poncer et emboîter. Trois entreprises locales se sont relayées. En plus d’être un beau projet, c’est une belle aventure humaine. Résultat au niveau acoustique, le pari est réussi. Tous les styles ont été testés : que se soit une pièce classique ou un quartet de Jazz : le son est bon ! Itinérance et indépendance

L’idée de mobilité est également au cœur de cette aventure. « J’avais envie de bouger et de voyager. Je ne suis pas quelqu’un qui se fixe », confie Dominique. « D’ailleurs, dans notre métier, c’est aussi ça le problème : le manque d’autonomie. Lorsque l’on a une salle ou un théâtre, on est toujours lié aux politiques. Si le réseau est là un jour, il peut aussi très bien disparaître. Et dans ce cas, on est souvent obligé de reconstruire ailleurs. » Pour son premier montage, le théâtre a donc posé ses fondations à Villevêque (Maine-et-Loire), à 15 minutes d’Angers. « Quand j’ai proposé l’idée au maire », se souvient Dominique, « il m’a répondu qu’évidemment il prenait ! ». La commune a donc mis à disposition une zone, en l’occurrence un parking au bord du Loir, installé un branchement électrique et le tour était joué. Ce sont d’ailleurs les seules exigences demandées aux communes par le théâtre. Après, prochaine étape : Montreuil-Juigné, à une vingtaine de kilomètres de là, pour quelques mois également. « Maintenant, on essaie de se vendre. On a envoyé des propositions et on a reçu également pas mal de demandes », explique Domini que qui réfléchit désormais à l’étape suivante. « Nous arrivons avec des spectacles et des artistes partenaires avec qui il est agréable de travailler et qui croient en nous. Ensuite on écoute, et s’il y a des artistes locaux qui veulent se produire au Théâtre en Bois, on trouve un terrain d’entente. »

A la recherche de mécènes

C’est le nerf de la guerre. Pour arriver à boucler son budget, il manque 10 000 euros à Dominique Rambaud. « On est pas loin de l’équilibre », glisse-t-il. Estimé à 150 000 euros initialement, le budget a été ramené à force de coups de mains et de réductions en tout genre à 65 000 euros. Une banque a cru au projet et différents mécènes ont apporté des fonds. Près de 200 souscripteurs ont déjà franchi le pas. Grâce au mécénat culturel et à la loi du 1er août 2003, chaque don ouvre droit à une déduction d’impôt égale à 66% du montant pour les particuliers, et 60% pour les entreprises.

Le théâtre en bois pratique.

Après Villevêque, le Théâtre en Bois va poser ses planches à Montreuil-Juigné. Trois semaines de spectacles sont déjà calées. Douze représentations de professionnels et six d’amateurs. Douze séances d’atelier Théâtre sont également au programme. Les tarifs : 10 euros l’entrée, 21 euros les trois et gratuit pour les enfants avec une réduction pour ceux qui les accompagnent