Recherche musicien jouant didjeridoo, youkoulélé, mandoline et scie musicale. Ne cherchez plus, Profession Spectacle vous présente Jean-Marie Gerintes, musicien, acteur et… facteur de scie. 

avec-des-sciesComment devient-on facteur de scie ? Par héritage, pardi ! Disert, familier, l’œil bleu pétillant, Jean-Marie Gerintes le raconte volontiers : « Petit, je possédais la scie de mon grand-père et je voulais en faire une plus grande. J’ai choisi le métal approprié et j’y ai découpé une scie. Par la suite, quand j’en jouais, les gens me demandaient souvent où l’on pouvait en trouver. Or c’était impossible en France : j’ai donc été conduit à en fabriquer. »

Et Jean-Marie de se passionner pour cet instrument, somme toute assez récent (voir « Pour en savoir plus », ci-dessous). Aujourd’hui, ils sont deux facteurs de scies musicales en France, Alexis Faucomprez et lui. La différence ? « Mes scies, plus étroites, ont moins de notes et plus de son. Le son de la scie dépend de sa coupe : plus les bords sont parallèles, plus il y a d’harmoniques. Il faut que le métal soit coupé droit, ce qui n’est pas toujours facile dans un acier aussi dur. Au début, j’utilisais une meuleuse, aujourd’hui, je les fais couper au rayon laser par un spécialiste. »

L’offre répond à une véritable demande : « Jusqu’à une époque récente, j’en vendais en moyenne cinq à six par mois, accompagnées d’une méthode inspirée de Jacques Keller expliquant au profane comment utiliser l’instrument. Il y a eu un creux ces derniers temps, mais je constate que ça repart », dit-il.

Jean-Marie ne se contente cependant pas de fabriquer les scies, il en a fait la pièce maîtresse de ses spectacles. « J’en ai d’abord joué au sein d’un groupe réaliste, raconte-t-il. Je me suis rapproché du théâtre pour accompagner une compagnie qui cherchait un percussionniste pour jouer une pièce de Probst. J’ai composé des musiques simples pour accompagner les scènes. Un jour, j’ai remplacé un copain qui s’était blessé à la main : c’est ainsi que je me suis mis à faire du théâtre, non seulement comme musicien, mais aussi comme acteur. »

 

Wagner au didjeridoo

Au fil du temps, Jean-Marie en est venu à créer sa propre compagnie, L’âme sonore, pour écrire et monter ses propres spectacles : Une leçon de musique avec Jean-Christophe Cornier, ou Mes Scies à moi, écrit en 2005 : « Les textes de Mes Scies à moi sont bourrés d’allitérations et le spectacle utilise toutes les « scies » possibles. Je me sers de scies de toutes les tailles, de la plus grande, qui mesure 1,85 mètre, à la petite « Sarko-scie », dont je joue avec un petit archet sur une petite chaise… »

Avec Jean-Chistophe Cornier, il propose aussi un spectacle cabaret : Les Frères Jean, d’Eugène Durif. Par ailleurs, il fait de la rue avec la fanfare théâtrale Les Grooms ( La Flûte en chantier), intervient dans des écoles primaires et dans une maison de retraite.

Tout lui est bon pour jouer, toujours avec une bonne dose d’humour, par exemple lorsqu’il accompagne au didjeridoo l’introduction de la Tétralogie de Wagner ou se sert dans ses spectacles des « instruments » les plus insolites, tels que des poteries ou radiateurs…

« On peut jouer du didjeridoo avec un tuyau en PVC, ou de la scie musicale avec un tuyau de butagaz. C’est suffisamment dur pour déclencher la vibration de la lame, qui s’alimente ensuite d’elle-même, le son d’une scie s’apparentant davantage à celui que l’on obtient en frottant le bord d’un verre qu’à celui d’une corde. N’importe qui peut faire de la musique avec n’importe quoi… mais pas n’importe comment ! »