Le bar de Belleville où l’on s’est donné rendez-vous est sympathique, un endroit bonne franquette où les habitués du quartier se retrouvent et surtout un lieu bien connu des intermittents. Mathieu Dourlent travaille comme technicien lumière depuis près de 20 ans. Un métier qu’il a appris sur le tas et par hasard quand jeune toulousain, il débarque à Paris pour apprendre le métier. « Au début, j’étais très disponible, prêt à travailler du jour au lendemain et dans ce métier être disponible paye. C’est ainsi que j’ai dégoté les bons contacts et les bons contrats ». Depuis 2006, Mathieu Dourlent a rajouté une corde à son arc en s’initiant au métier de régisseur, abandonnant peu à peu celui de technicien, plus éprouvant physiquement. « Depuis quelques temps, la crise est bien là dans notre secteur d’activité. On le remarque aux conditions de travail qui changent peu à peu. Les délais sont plus courts et le personnel est moins qualifié. Les entreprises regardent un peu plus à la dépense », confie le technicien. A la suite d’une blessure violente qu’il se fait au dos, il oriente en 2012 sa carrière. Grâce au statut d’intermittent, il profite de ses « temps libres » pour se former au métier de régisseur ainsi qu’aux normes de sécurité, toujours plus complexes et nombreuses. « Il est vrai que si j’avais pas eu le statut, je n’aurais pas pu effectuer de formations ». Quant à ses perspectives pour l’année 2014, Mathieu Dourlent les envisage avec calme puisque les travaux de manutention sont derrière lui et que pour l’heure, il travaille avec des employeurs réguliers.

Maintenir son niveau de vie

Comme beaucoup, Mathieu sait que si la réforme s’amorce son niveau de vie s’en ressentirait immédiatement et envisage mal un avenir sans ce soutien. Bien conscient, de ses avantages, puisqu’il aura son compte d’heures pour pouvoir obtenir les Assedic, Mathieu soulève aussi les difficultés des intermittents, comme la précarité des emplois. Et s’il sait que la cour des comptes soulève des incohérences, des abus avec des intermittents parfois trop bien rémunérés, Mathieu s’interroge. « Je reste dubitatif car bien souvent, le gros des scandales s’effectue dans les grandes maisons de productions et dans les grands médias audiovisuels et je ne fais plus confiance aux politiques».