Après avoir travaillé durant des années pour les Nations Unies en Europe orientale et en Asie centrale, Nicolas Planchais est aujourd’hui une voix-off de documentaires et de doublage dans certains films russes. Il cherche désormais à utiliser ses connaissances pour faire découvrir les opportunités que pourraient offrir notre contrée aux cinéastes venus de l’Est..

Installé dans le village ornais, où est enterré son père Jean Planchais, célèbre plume et pionnier du Monde, Nicolas Planchais, 47 ans, a une foule de projets en tête. Projets orientés spécialement vers la Russie. Quoi d’étonnant pour cet ancien élève de « Langues’O » maniant parfaitement le russe, mais aussi l’albanais et le turc. Pendant des années, il a travaillé au service de l’UNHCR, le Haut Comité des Nations Unies pour les Réfugiés, en tant que « field officer » (administrateur hors  siège). Envoyé en Asie centrale et notamment en Afghanistan, en 1990, il découvre un pays déchiré par la guerre civile. « Au départ, les Nations-Unies constituaient pour moi un grand idéal, confie t-il, mais la réalité est très différente sur le terrain. C’est un peu dur quand on a du mal à tenir sa parole. »

Le monde de la voix-off

Ayant quitté les instances mondiales, il suit les cours du Centre de Formation Professionnelle des Journalistes. Suite à une formation radio, il découvre le monde de la voix-off : une nouvelle vocation s’ouvre à lui. Après un passage à RFI et à TV5, il persiste dans sa nouvelle passion et en 2003 apprend le coaching voix-off. Il se lance, alors, dans le doublage de documentaires étrangers. Il découvre aussi une dure réalité : la non-reconnaissance des comédiens de la voix enregistrée.

Une tarification élastique

« En clair, c’est un peu n’importe quoi au niveau des tarifs ! Un tarif normal pour un document sonore c’est autour de 10-15 euros l’heure. Mais une pub dans une radio locale c’est souvent 5 euros l’heure. À l’opposé, mais c’est plus rare, une entreprise qui veut une voix pour son site internet peut être facturée 200 euros. » Pas de tarif syndical donc et la prolifération des home-studios font que le marché est peuplé de gens qui se croient compétents dans le domaine sans en avoir vraiment les capacités.

« Seul le doublage est concerné par une convention collective. Les comédiens du doublage, plus solidaires ont obtenu ce droit, alors que les voix de narration dans la publicité ne sont pas reconnues. Il existe bien l’association « Les Voix » qui essaie de se battre pour la reconnaissance de la voix-off, mais très corporatistes, ils ont tendance à rejeter les nouveaux venus dans la profession. »

Un autre problème selon Nicolas Planchais, c’est la propension qu’ont certains comédiens célèbres à s’essayer à la voix-off. « Une vedette n’est pas un professionnel de la voix-off. Donc un peu moins bons, et leur temps étant compté, on ne leur demande pas au bout de 2h30 d’enregistrement d’un documentaire de 52 minutes de recommencer l’introduction. »

Un rapport particulier avec les Russes.

Également acteur de théâtre, Nicolas Planchais fréquente la compagnie Le Vent d’Est dirigée par Tatiana Karmanova. Tournée vers les thèmes russes, il a joué dans la pièce Requiem pour l’Union Soviétique. Mais, c’est surtout le Festival du Cinéma russe de Honfleur qui l’a vraiment mis en contact avec les artistes russes. « Je m’occupe des sous-titres envoyés sur powerpoint au moment des projections. J’avoue que c’est assez sportif car souvent je ne connais pas les films avant de les voir. Je suis aussi accompagnateur de délégations russes et c’est très prenant. »

Être comédien de cinéma en Russie, serait-ce donc le but de Nicolas Planchais? « Moi, en tant que comédien, je n’ai qu’un rêve, c’est de jouer avec les Russes. J’aime ce qu’ils font, leur façon de remettre en cause les méthodes de l’Actors Studio. Ils essaient de retrouver plus de sincérité. Le cinéma russe reste malheureusement assez méconnu du grand public car leurs films sont difficilement accessibles. L’un des problèmes fondamentaux pour ce cinéma est le protectionnisme européen qui impose un quota de films étrangers. Les films russes se trouvent alors en concurrence avec les films américains. » En attendant que les portes s’ouvrent du côté des studios Mosfilm, il vient d’adapter en français, le scénario d’un film de Sergueï Soloviov Elisabeth et Claudine racontant la vie de deux jeunes filles entre Cabourg et Honfleur en 1905.

À partir de décembre, d’autres cinéastes russes doivent venir tourner dans le petit coin du Perche où vit Nicolas Planchais, qui déclare : « Ma chance viendra forcément de la Russie ».

Vincen CARMINATI

Cet article a suscité des réactions d’autres comédiens pratiquant ce métier.

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