Un grand classique du théâtre politique local – « Développement économique » versus « Culture » – se joue actuellement à La Ciotat. En jeu, l’avenir du théâtre du Golfe, en front de mer, que la municipalité veut détruire au profit d’un complexe hôtelier quatre étoiles. Karim Ghendouf ferraille contre le projet lors du conseil municipal du 11 février : « Il s’agit d’un patrimoine communal que nous aurions pu transformer à destination de tous les Ciotadens. » Réplique cinglante de Jean-Louis Bonan, adjoint délégué au tourisme : « Nous pourrons faire de notre ville une ville de congrès et développer le tourisme des quatre saisons, générateur d’activités économiques et de richesses. Vous avez une vision totalement passéiste. »

Ite missa est : l’épithète infâmante – « passéiste » – est lâchée, le débat est clos. Bon an mal an, le « Bonan amateur de promoteurs » aurait aussi bien pu dire « rétrograde », voire « obscurantiste », autant de notions qui disqualifient par principe ceux qui s’enhardissent à évoquer celle de « patrimoine culturel », comme l’a osé le blasphémateur Ghendouf. Un patrimoine se reçoit, s’enrichit, se renouvelle et se transmet. Voici ce que la médiocrité de « l’air du temps » conspue. Eh bien moi, je conspue « l’air du temps », qui est l’ère des marchands. J’arrête là : je sens de violentes poussées de « passéisme » m’envahir.