Abbi Patrix : le troubadour contemporain
Abbi Patrix est un conteur heureux. Explorateur de l’art du conte depuis bientôt trente ans, il constate que la relève est en marche et se réjouit de les voir réapparaitre dans les villes. Ils ont entre 20 à 30 ans et ont souvent découvert les contes en écoutant des spectacles donnés dans les écoles ou dans les bibliothèques municipales lorsqu’ils étaient enfants. « Ils se renseignent sur notre activité, s’intéressent et j’avoue qu’il est satisfaisant de voir que la transmission s’amorce trois décennies plus tard. ».
Former pour mieux transmettre
Considéré comme l’un des pionniers du renouveau du conte en France, Abbi Patrix fait office de référence dans le milieu. Et c’est avec passion qu’il s’attache avec d’autres, à faire reconnaître cet art de la parole auprès des institutions tout au long de sa carrière. En 2003, il ouvre le Labo au sein de la maison du conte à Chevilly-Larue : « Je me suis vite aperçu qu’il n’existait pas de formation rattachée à cette forme d’expression, ni d’école du conte ». Aujourd’hui, le Labo accueille de jeunes conteurs qui peuvent travailler dans un espace pluridisciplinaire de recherche, d’improvisation et de transmission. Dans cet espace temps protégé, les conteurs ont la liberté de poser leurs valises trois jours par mois pendant trois ans, pour vivre et partager leurs pratiques.
Le conteur s’engage
Abbi Patrix, le conteur franco-norvégien et anglophone, crée la Compagnie du cercle en 1980 au travers de laquelle il explore cet art de la parole avec jubilation. Dans la tradition des troubadours, l’artiste réintroduit la musique au cœur de ses récits et mêle à cette tradition orale des narrateurs le talent de musiciens passionnés. Aussi, ses spectacles s’articulent le plus souvent autour de récits de vie, de carnets de voyage, d’histoires traditionnelles, de poèmes et oscillent entre la musicalité de la parole et la force narrative de la musique. « Le travail du conteur est proche de celui du compositeur car nous travaillons sur les contes traditionnels pour les adapter à la vie d’aujourd’hui. De fait, le conteur doit avoir conscience de son engagement. En devenant conteur, il entre dans un processus individuel, exigeant qui engage vers une solitude parfois impressionnante». Mais s’il est doté d’une grande capacité d’adaptation, s’il aime les voyages et fait preuve de simplicité, l’apprenti conteur peut tenter sa chance. Car, pour Abbi Patrix, conteur c’est non seulement une école de vie mais une école à vie.
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