S’il est une période riche en festival, c’est bien l’été. Et s’il est un lieu, où vacances en bord de mer, et spectacle des arts de la rue sont réunis, c’est bien à Granville, dans la Manche. « Sorties de bain » prend le public au saut, non pas du lit mais de la plage, pour une plongée à la découverte d’artistes venus des quatre coins de l’Europe. Une scène géante, idéale pour les professionnels du spectacle aussi bien débutants que confirmés. 

sortiesdebain120 juillet au matinLes rues de Granville retrouvent leur calme. Plus de chants, plus de musique, plus d’éclats de rire. Le ballet des tracteurs et des camions de déménagement a remplacé la fièvre artistique qui a enflammé le cœur de la vieille ville durant quatre jours. Epilogue d’un des grands rendez-vous de l’été de Basse-Normandie. Pour la 7e année consécutive, « Sorties de Bain » a réussi son pari. A ses débuts, 6 000 spectateurs avaient pu découvrir toute la richesse et la diversité des arts de la rue. Cet été, ils étaient près de 50 000. Au départ, comme souvent, une association, L’Archipel.

En 2003, la municipalité lui demande de réfléchir à un grand rendez- vous culturel et artistique sur quatre jours au cœur de l’été. « Nous voulions un festival populaire, bien ancré dans la cité, explique Marc Gourreau le Directeur Adjoint de l’Archipel. L’idée était également de respecter la tradition de la ville pour le carnaval. Le burlesque, l’absurde et le rire sont donc des critères important dans la programmation des artistes. » Le choix d’un festival des arts de la rue s’est donc fait très naturellement.

Sept ans plus tard, ces critères de départ conditionnent toujours la sélection des artistes qui animent l’été de Granville.

Autre critère, propre quant à lui aux arts de la rue : l’éclectisme. A chaque coin de rue du centre ville, le spectateur doit s’émerveiller, être surpris, voyager. D’où la diversité des artistes.

Du clown aux danseurs, en passant par des chanteurs et des pièces de théâtres, le tout animé par des groupes de musique qui sillonnent les rues du bord de mer. « On ne s’interdit rien, confirme Marc Gourreau. Il faut juste que le spectacle interpelle, intéresse et qu’il soit bien maîtrisé. » Et pour cette édition 2009, le programme a été dense. Quarante-six compagnies ont arpenté le centre de Granville, pour un total de 146 représentations sur quatre jours.

Les « In »

trapezisteMais attention, pas question pour l’équipe d’Archipel de faire de ce festival un fourre-tout. Chaque compagnie est soigneusement sélectionnée pour que le festival reste fidèle à son image. Vingt-neuf sont ainsi des « In », comprenez des artistes invités. Tous leurs frais sont pris en charge sur place. « Ces compagnies invitées sont repérées en amont, sur d’autres festivals, comme Aurillac, Avignon ou encore Châlons-sur-Saône, détaille Marc Gourreau. Pour chaque artiste ou troupe, le spectacle a été vu par l’équipe de direction. Si certains viennent pour la première fois, d’autres sont déjà passés sur les pavés de Granville et reviennent avec un nouveau spectacle. » Le choix se fait dès la fin du festival et jusqu’au début de l’année suivante (voir l’article : Festivals Z’amis : L’union fait la force).

Les « off »

Les sorties de bain accueillent également des compagnies « Off ». Il s’agit de troupes émergentes et régionales (pour plus de la moitié) qui viennent tester, roder et tenter de vendre leurs spectacles : « On leur tend la main, on leur propose un tremplin pour se faire repérer par des organisateurs qui, comme nous, cherchent des artistes pour animer leurs festivals », précise Marc Gourreau.

Pour ces troupes seuls les frais de restauration sont pris en charge. Leurs revenus dépendent des dons des spectateurs.

Mais pour elles aussi le choix n’est pas dû au hasard. Repérées dans d’autres festivals régionaux, ces compagnies sont choisies à travers différents réseaux, comme celui des Festivals Z’amis (voir l’article : Festivals Z’amis : L’union fait la force).

Réunis en commission, les organisateurs de « Sorties de bains » se penchent ensuite sur le dossier de chaque troupe (voir encadré). Pour cette édition 2009, sur 40 candidatures, dix-sept ont finalement été sélectionnées. Et comme chaque année, une de ces compagnie s’est vue décerner la « Palme du Off » par un jury composé de professionnels, de spectateurs, d’artistes et de représentants des institutions.

Un coup de projecteur bien venu pour une profession où la reconnaissance n’est pas toujours au rendez-vous.